l'antre des Cuspna
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Je voudrais mourir si cela ne vaudrait mieux que de ramper, de s'avilir et se prostituer
 
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 Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs

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Lin
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Lin


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MessageSujet: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeLun 13 Oct - 12:43

Presque un mois s'était écoulé depuis que Lin était ressorti des geôles de la maréchaussée avec sous le bras le seul parchemin qu'il avait fait rédigé contre Vamp. Il ne s'était pas retourné après avoir laissé tomber les clés sur le sol de cette cellule. Parce qu'il n'avait pas voulu imposer quoi que ce soit à la jeune femme. Ou plutôt parce qu'il n'avait pas eu le courage de regarder en face qu'elle allait rester derrière et refuser de le suivre.

Il ne s'était pas trop penché sur la question de leur relation et de son essence actuelle. Il avait conscience qu'il ne pouvait plus la considérer comme sienne, bien qu'il ne sache pas réellement pourquoi. Il avait simplement compris, à son ton et à son détachement, qu'elle ne voulait plus rien à voir à faire avec lui. Du moins pour le moment, tentait-il de se morigéner. Il faudrait qu'il trouve les failles, l'une pour la combler, l'autre pour l'exploiter.

Mais pour l'instant, il n'en avait pas franchement eu le temps. Depuis plusieurs jours déjà, pour de ne pas dire semaines, son travail avait pris le pas sur ses états d'âme. La ville qu'ils occupaient avec Larson avait été un terrain parfait jusqu'ici. Il y songeait souvent comme à un territoire de chasse, avec du gibier à profusion et de quoi se nourrir sans amoindrir les populations.

Sauf que depuis quelques temps, ce terrain était convoité par d'autres chasseurs. Ou tout du moins semblait l'être. Ils n'avaient pas encore eu d'attaque frontale ou de preuve tangible mais de nouvelles têtes s'étaient glissées dans leur quotidien et Lin n'aimait pas bien l'idée.

Un après-midi comme de nombreux autres, il avait rejoint Larson dans l'une de leurs tavernes favorites, prêt à remplir son rôle comme toujours depuis de longues années. Comme toujours, ou presque.

Un crissement de dents accompagnait chaque seconde écoulée. Les muscles de sa mâchoire criaient à la torture et l'émail lui-même commençait à couiner. Pas un instant de relâchement, pas un moment de répit. Les mâchoires serrées l'étaient depuis maintenant près de trois longues minutes, aussi sûrement mitoyennes que les odeurs de deux voisins de cellule dans une prison surpeuplée. Aussi crispées que les épaules de Lin.

Si les premières heures s'étaient déroulées sans accroc, celle-ci devenait plus rude. Peut-être parce qu'il s'agissait de l'heure de transition vers la soirée. Peut-être parce qu'il s'agissait de l'heure des dernières sorties des nobliots du coin. En tous les cas, le temps passait avec une lenteur exaspérante, comme épaissi dans la difficulté de l'instant. Il coulait aussi aisément qu'une lave refroidie sur le flanc d'un volcan, avec la mollesse de celui qui n'a pas à se presser, avec la lenteur des sans-gènes.

Les yeux de Lin avait accroché un homme à l'allure suspecte il y avait de ça désormais quatre minutes. Pas spécialement grand, pas spécialement large mais étonnamment bien vêtu. C'était rare que des hommes prennent ce soin pour venir boire un coup avant de rentrer. La flopée de travailleurs se mêlait à celle des ivrognes aussi bien qu'à celle des plus nantis mais ceux-ci ne dépareillaient pas outre mesure. Leurs chemises étaient froissées par le travail, leurs braies inégalement étirées jusqu'à leurs mollets et bien souvent le bout de leurs chausses empoussiérés. Être aussi bien mis pour une réunion entre amis n'avait pas de sens.

La tension sur les maxillaires du jeune homme se volatilisa en une seconde alors que l'impulsion semblait changer de cible, le mettant debout aussi vivement que piqué par une mouche. En quelques enjambées, il avait rejoint l'intrus et sa main s'abattait sur son épaule dans un salut aussi familier que menaçant.


Eh là ! Je ne crois pas vous avoir déjà vu, je me trompe ?

Il n'attendit pas la réponse de cet homme dont il se méfiait déjà. D'une paume un peu trop fermement appuyée entre ses omoplates, il l'enjoignit à le suivre jusqu'au comptoir où il le poussa à s'accouder avec une feinte courtoisie.

Le godet de bienvenue, ça vous parle ?

Se disant, il frappait le meuble de bois pour appeler le tavernier. Un signe plus tard, il glissait sa chope dans les mains de l'inconnu.

Voilà pour vous. Ne vous faites aucun souci, c'est pour moi ce soir. Contentez-vous d'en profiter !

Il lui tapota l'épaule comme à un bon gaillard et tourna les talons aussi vivement qu'il l'avait amené de l'autre côté de l'établissement, ralliant le côté de Larson, son air faussement avenant perdu sur le chemin.

Ce type est pas net, tu peux être sûr que dans deux minutes, il te dérobe tout le gratin. Grouille-toi !

Ils se mirent d'accord en une fraction de seconde sur comment recruter les intérêts de la soirée et partirent dans des directions opposées aussitôt le quadrillage effectué.

Du coin de l'oeil, chacun des deux compères surveillait le nouveau venu. Pour Lin, le doute s'affermissait lentement en une conviction. Ce n'était pas un badaud venu se rafraichir après une dure journée. Ce n'était pas un autochtone désireux de visiter des coins inconnus de sa ville. C'était un concurrent direct. Et le sourire qu'il lança à celle qui venait de s'installer à côté de lui confirma l'intuition du jeune homme.

Il étouffa un grognement alors qu'il arrivait au niveau d'une jeune femme aussi poudrée que sa peau pouvait le supporter et le masqua dans un sourire de tombeur de bas-étage. Il prit appui d'une main sur le rebord de la table à laquelle elle était installée, de l'autre sur le dossier de sa chaise, avec l'aisance de l'habitué. Son baratin était aussi pauvre qu'un ivrogne endormi sur le bas-côté d'un champ un lendemain de cuite mais il n'avait pas le temps de faire mieux.

En quelques instants, il parvint à faire lever la jeune noble et l'amena à le suivre, aussi courtois qu'il le pouvait. Les quelques gestes qu'il faisait à Larson se devaient d'être discrets mais ils n'en restèrent pas moins clairs. Une fois ces deux-là gérées, il fallait qu'ils se retrouvent. D'un pouce, il montra le bellâtre en papier mâché au comptoir. Quelque chose clochait, une réunion de crise s'imposait.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeMar 14 Oct - 14:14

Une bourrasque de vent frais obligea la jeune femme à fermer les yeux un court instant et elle enfonça moelleusement son visage dans le tissu épais et laineux de l'écharpe qui protégeait son cou. Durant le mois qui l'avait vue séparée de Lin, l'automne avait pris ses droits sur la nature. Mais si les arbres arboraient des couleurs flamboyantes, le temps se résumait à une pluie glacée et à un vent impérieux et colérique. Détestable. Les feuilles mortes jonchaient les pavés et, malmenées par les pluies incessantes et les bottes des citadins, elles avaient bien vite transformé les ruelles en chemins boueux et spongieux. Frileuse, Vamp aurait d'ordinaire passé ces journées venteuses dans la chaleur de son lit à attendre que Lin revienne du travail plutôt que d'arpenter cette ville gadouilleuse et froide d'est en ouest.

Mais les choses avaient changé et elle passait plus de temps à parcourir les rues qu'à flâner dans sa mansarde. Lorsque Lin était sorti de sa geôle en lui laissant la possibilité de s'échapper, elle n'avait pas hésité. Elle avait assez d'expérience pour parvenir à éviter chaque gardien et s'était retrouvée dehors aussi discrètement que les miracles. Elle avait dû rembourser sa dette au plus vite -elle détestait avoir la maréchaussée collée à ses bottes- et à peine quelques heures après sa fuite, elle avait trouvé un employeur. Un très bon employeur...

Un employeur qui demandait beaucoup d'elle mais qui payait très bien. Elle ne posait aucune question et se contentait d'être là quand on avait besoin d'elle et de s'esquiver lorsque l'on ne désirait plus sa présence. La jeune femme pouvait passer des jours sans rentrer chez elle, mais ce n'était pas un problème : personne ne l'y attendait. Lorsqu'elle passait la porte de sa mansarde, Vamp s'effondrait d'épuisement dans un lit qu'elle ne prenait pas la peine de défaire. Car si son travail lui apportait de quoi vivre, il lui fournissait aussi l'épuisement nécessaire pour qu'elle parvienne à s'endormir. Quelques jours, trois semaines ou un mois plus tard, rien ne changeait. Lin n'était pas là et les insomnies avaient pris la place du jeune homme sous les draps.

Telle était sa vie. Travailler jusqu'à l'épuisement pour trouver le sommeil et travailler sans relâche pour ne pas avoir à réfléchir au vide qui gangrenait sa poitrine.

Malgré cette nouvelle existence et absence, Vamp n'avait pas changé. Elle marchait droit devant elle, d'un pas qui n'acceptait aucun obstacle, les mains enfoncées dans les poches de son long manteau noir. Le col relevé tranchait sa joue d'un noir qui aurait fait pâlir le plus profond des deuils. N'approchant personne et se laissant encore moins approchée, ni ses yeux ni son visage ne trahissaient la moindre émotion. De nouvelles bottes de cuir sombre remontaient le long de ses jambes, affinant sa silhouette élancée. Elle était armée et ses yeux sombres ne laissaient planer aucun doute sur une quelconque merci.

Toutefois, un détail témoignait des quelques péripéties de ce dernier mois. Vamp n'était pas seule. Où qu'elle se déplaçait en ville, un jeune homme brun l'accompagnait. L'homme était assez grand pour dépasser la jeune femme sans avoir à se redresser et il ne devait avoir que quelques années de plus qu'elle. Il avait le regard d'un homme qui n'a peur de rien mais aussi un petit quelque chose au coin des yeux qui affirmait que ce n'était pas un jeune idiot aveugle et effronté. Lorsqu'ils avaient été présenté, Vamp avait tiqué d'agacement. Mais aussi étrange que cela puisse être connaissant la jeune femme, elle avait apprécié son nouvel acolyte à une vitesse surprenante. Une ou deux fois, le jeune brun parvint même à percer le masque impassible de Vamp pour y faire naître un semblant de sourire. Dés le début, il avait marqué une certaine distance envers elle, une frontière à ne pas dépasser, attention dont elle lui avait été reconnaissante. Il ne lui avait posé aucune question, elle encore moins, et une complicité dans le silence s'était progressivement installée entre les deux jeunes gens.

C'est aux côtés de cet homme que Vamp pénétra dans la taverne. Elle le précéda dans l'établissement, poussant elle-même la porte. Il la laissa passer sans le moindre geste, non par réelle courtoisie mais parce qu'il savait qu'on ne se met pas sur le chemin de la brunette.

Brunette. Il avait bien cru qu'elle allait lui déchirer la gorge avec ses dents quand ce surnom ridicule lui avait échappé. Il avait senti sa nuque se glacer sous le froid de ces yeux noirs tournés vers lui pour l'écorcher mais il avait été témoin, avec une surprise incompréhensible, d'un étrange sourire amusé qui étira les lèvres pâles, invité aussi incongru que rassurant. Sa silencieuse compagne ne semblait pas dénuée d'humour...

Vamp passa la porte, l'homme sur les talons. La chaleur de la taverne caressa ses joues et elle retira l'écharpe qui masquait une partie de son visage avant de remettre ses mèches noires en place. Il ne manquait plus qu'à ces dernières quelques centimètres pour venir effleurer ses épaules, leurs pointes dépassaient à présent la ligne de sa mâchoire, assez pour qu'elles effleurent à la ligne de son cou à mi-chemin.

La taverne n'était pas encore bondée de monde, mais il y en avait déjà trop pour Vamp. Pestant intérieurement, elle creva la foule des quelques ivrognes, prenant un soin tout particulier à ne toucher aucun d'eux. Elle ne vit pas Lin. Elle passa devant lui, l'effleurant presque, mais continua sa route sans le voir. En d'autres circonstances, elle ne l'aurait pas manqué. Le jeune homme lui aurait sauté aux yeux comme un point blanc sur un fond noir. Mais depuis une semaine, Vamp portait des œillères.

Et pour cause. Ania était malade. Une toux sèche et incessante déchirait sa gorge de petite fille. Ce son rendait Vamp folle. Elle savait que ce n'était pas la peste qui prenait racine dans les poumons de la petite, mais la maladie était devenue une phobie que Vamp avait du mal à contrôler. L'état de sa nièce était une angoisse perpétuelle pour la jeune femme, une peur qui dévorait son cœur lamelle par lamelle, vaisseaux après tendons, et qui distillait dans ses veines une tension qui la rendait aveugle à tout ce qui pouvait l'entourer. Aussi passa t-elle devant Lin sans le voir.

Suivie par son compagnon brun, la jeune femme se fit une place au comptoir, laissant au jeune homme le soin d'écarter les enquiquineurs, et se commanda un verre de lait frais.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeMer 15 Oct - 15:54

Il y eut comme un moment de flottement dans l'esprit du jeune homme. Le vent frais de l'extérieur aurait dû aviver ses sens, le ragaillardir après de telles heures passées dans un endroit clos surchauffé par la foule qui le peuplait et pourtant, il resta immobile alors que la porte se refermait, interdit. La silhouette qui venait de s'engouffrer dans l'établissement était reconnaissable entre mille. Il ne l'aurait ignorée pour rien au monde. Bien qu'ils ne s'étaient pas retrouvés depuis un bon mois, il ne parvenait pas à ignorer Vamp. Et celle-ci venait de lui passer à côté sans le moindre regard, le moindre geste ou le moindre signe qui puisse prouver qu'elle l'avait vu. Elle, l'avait superbement ignoré. Purement et simplement.

Sa fixité soudaine surprit celle qui l'accompagnait et il sentit sa main se refermer sur son bras, comme pour prévenir d'une chute imminente. En temps normal, il se serait empressé de tendre une paume salvatrice pour rendre l'équilibre à sa pseudo-conquête, lui glissant un regard bienveillant tout autant que chaleureux en demandant si elle allait bien. Lin n'eut cette fois-ci pas le moindre réflexe pour l'aider. Son bras resta in extremis en place alors que la main de la rouquine s'y agrippait et le reste de son corps esquissa un mouvement de recul. Si d'ordinaire il parvenait à juguler chacun de ses gestes d'esquive, la vision qu'il venait d'avoir annihilait toute velléité de prétention.

Vamp n'était pas seulement passé à côté de lui comme s'il n'existait pas. Elle était passée à côté de lui sans la moindre attention et accompagnée. Accompagnée d'un homme. Un grand homme. Un homme brun. Beaucoup trop grand et beaucoup trop brun pour qu'il ne passe inaperçu aux yeux de Lin.

Avec une lenteur digne des plus grandes explosivités retenues, il pivota sur ses talons, le regard foudroyant. Ses iris se posèrent sur la nuque de l'inconnu avec une agressivité qu'une lame effilée n'aurait pas pu surpasser. C'était viscéral. Aussi viscéral que stupide. Il sentait un sentiment mordant exhorter ses muscles à se mettre en marche mais sa cervelle s'était remise et elle ordonna bien plus sûrement que n'importe laquelle des sensations à ses membres de se détendre.

Dans une longue inspiration, il reprit pied avec la réalité, le brouillard qui l'avait violemment aveuglé se dissipant peu à peu. Ce n'était pas le moment de déclencher une rixe. Larson avait une jeune femme à son bras, il en avait une juste à son côté, il fallait assurer le retrait. Il prit alors conscience que la nobliote qu'il avait embobinée se tenait toujours à lui et qu'elle le regardait avec une attention toute particulière, entre la surprise et l'agacement. Sans doute avait-elle vu son regard assassin. Il grimaça et détourna les yeux quelques secondes, feignant de chercher son acolyte du regard. L'instant d'après, il reposait des yeux calmes sur la rousse à son bras et lui fit un sourire sympathique.

Pardonnez-moi, j'ai quelques difficultés à accepter qu'une dame de votre rang soit soumise aux courants d'air. Surtout quand ils viennent de parfaits inconnus aux manières visiblement atrophiées.

Un mouvement de menton vers le comptoir désigna les deux nouveaux attablés, comme avec dédain. Mais Lin profita de l'instant pour regarder plus attentivement ce couple. Il n'aimait pas la façon avec laquelle cet homme s'installait aussi près de Vamp. Il n'aimait pas non plus l'aisance dont faisait preuve cette dernière en présence de ce brun. C'était comme s'il avait réussi à se faire admettre dans son périmètre pourtant si restrictif. Comme s'il avait percé quelques-unes des défenses qu'elle levait face à quiconque l'approchait. Comme si …

L'évidence creva les yeux du jeune homme, l'obligeant à en cligner pour ne pas vaciller. Ca n'était pas possible. Pas jusque-là. Un son étouffé s'éleva du poitrail de Lin alors que ses dents se serraient. Il n'y avait pas d'autres explications possibles. Vamp n'acceptait aucun contact. Aucune interaction qu'elle n'ait pas choisie. Aucune proximité excessive. Comment un inconnu aurait-il pu obtenir autant en aussi peu de temps ? Il n'était pas de sa famille. Il était brun. Il était grand. Et il était bien trop assuré pour faire partie du ramassis d'ivrognes que l'on croise n'importe où. Il avait un rang. Il l'avait ferrée.

Lin retira vivement son bras de sous les doigts de la nobliote, comme pour recouvrer pleinement sa mobilité. Il ne pouvait pas laisser ce genre de choses arriver à Vamp. Certainement pas. Il avait remarqué qu'une concurrence s'établissait au commerce de Larson mais il n'aurait jamais songé que la jeune brune puisse en être victime. Et l'évidence était sous ses yeux, installée au comptoir de leur terrain.

Cela faisait un mois qu'ils se croisaient sans jamais vraiment discuter, se contenant des usages de base et des politesses habituelles. Il avait clairement compris que la relation qu'ils avaient n'était plus aussi évidente qu'elle avait pu l'être mais s'il s'était refusé à y réfléchir, il n'avait pas imaginé qu'elle puisse avoir songé à une rupture aussi nette. Il n'était plus là pour avoir à l'oeil ses potentiels concurrents et son manque d'attention avait laissé la place aux pièges de cet inconnu.

Sans plus attendre, il poussa prétendument accidentellement un badaud qui ralliait sa table, lui faisant renverser le contenu de sa chope sur sa jeune accompagnatrice. La seconde d'après, il lui collait une trempe derrière la nuque et l'envoyait paître ailleurs.


Mais quel goujat ! Vous êtes trempée. Vous ne pouvez pas sortir comme ça, vous allez attraper froid. Il faut essuyer tout ça d'abord.

Il troua la foule d'ivrognes pour rejoindre le comptoir et passa derrière avec l'aisance des habitués. Si le tavernier grogna, ce ne fut que pour la forme et Lin put se servir dans les torchons propres afin d'éponger la tenue de la rouquine. Là où ils étaient, Vamp ne pouvait pas les rater. En plein dans son champ de vision. Il n'allait pas laisser n'importe qui embobiner la jeune brune. Et certainement pas un de leurs concurrents. Feignant de ne pas avoir remarqué la présence de la jeune femme, il commença à tamponner le tissu humide, espérant silencieusement qu'il détournerait l'attention de Vamp suffisamment longuement pour qu'elle ne retombe pas dans les filets dans lesquels il la pensait empêtrée.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeJeu 16 Oct - 14:01

Vamp ferma les yeux de plaisir. C'était un délice. Un véritable délice. Onctueux et d'une douceur d'ange. Ses lèvres recueillirent la dernière goutte de lait avant qu'elle ne les humecte, savourant son petit plaisir quotidien. Plaisir qui s'évanouit en un claquement de doigts lorsqu'elle rouvrit les yeux. Le tableau que ses pupilles transférèrent à son cerveau redressa sa colonne vertébrale, réflexe instinctif d'animal aux abois.

Lin. Lin avec une femme. Et pas n'importe quelle femme. Une rousse.

Sans rire ? Une rousse ?

Très calme, la jeune brune observa les mains de son ancien amant s'activer sur un corps qui n'était pas le sien. Son instinct lui hurlait de passer à l'attaque, de trancher la chair et de se repaître des hurlements de cette poule. Jamais elle n'avait vu Lin s'occuper d'une autre femme qu'elle, encore moins avoir un contact tactile direct avec le sexe opposé. Mais qu'avait-elle à dire ? Lin n'était plus son homme.

Deux options s'offraient à Vamp. Elle pouvait se lever pour aller castagner cette pseudo-concurrente, pensée qui la mettait en joie, ou elle pouvait se résigner et accepter que Lin puisse avoir une nouvelle vie sans elle. La première option était prévisible pour quiconque connaissait un minimum la jeune femme. La seconde résonnait trop le glas de la lâcheté dans la tête brune de Vamp pour qu'elle puisse imaginer cette alternative.

Toujours avec un calme impeccable, elle observa la scène avec une minutie qui fleurait bon le prédateur. La femme tout d'abord. Rousse, il n'y avait aucun doute là dessus. Noble, au vu de son port et de la peinture qui recouvrait son visage. Pas vraiment le genre de Lin. Un regard plus attentif repéra cet enfoiré d'Anglais, confirmant l'idée qui commençait à germer dans les pensées de la jeune femme. Lin travaillait. Cette poule n'était qu'une des idiotes qui tombaient dans le filet. Ni une amoureuse, ni une amante et encore moins une concurrente. Mais voilà, c'était une rousse.

De toutes les nobliotes que Lin aurait pu choisir, son dévolu s'était arrêté sur une rousse. Hostiles, les yeux de Vamp se plissèrent. Hors de question. Hors de question qu'elle laisse passer ça. Le regard sombre de la jeune femme glissa plus bas par réflexe, cherchant la rondeur de ses fesses, et les enveloppa généreusement de toute son attention. À croire que ce soir, ces jolies petites fesses seraient sous l'autorité d'une autre qu'elle... Absolument hors de question. Une rousse. Il avait choisi une ROUSSE.

- Espèce d'abruti...

- Quoi ?

Elle en avait oublié l'homme qui l'accompagnait. Vamp ne se retourna pas pour le regarder, les pensées et hypothèses sur le comportement à adopter se bousculaient sur sa conscience, et ses yeux restaient fixés sur le couple qui caquetait. Elle s'était déjà à demi levée de son tabouret avant de répondre sans la moindre hésitation, mentant avec une facilité qui ne l'empêchait de fermer l'oeil la nuit.

- Pas de miel dans mon lait. Ce tavernier est un incapable. Je reviens tout de suite.

Sans attendre la moindre réponse, Vamp s'éloigna avec la même démarche décidée que son nouveau compagnon lui connaissait. Rien ne trahissait le bouillonnement qui enflammait la poitrine de la jeune femme.

Prudemment, elle partie dans la direction opposée. Vamp n'était pas une idiote. Si le jeune homme brun avait gagné son respect, elle préférait ne pas s'interroger sur sa loyauté envers elle. Depuis un mois, elle avait évolué dans un environnement où la droiture pouvait être achetée avec de l'or et une petite voix lui murmurait de bien séparer sa vie privée du reste. En effet, elle commençait à soupçonner ce « reste » de n'avoir aucun scrupule et préférait éviter qu'il trouve ses failles. Or Lin était une faille. En fait, la faiblesse de Vamp pour Lin tenait plus du gouffre que de la fissure. Au plus profond d'elle-même, elle savait qu'on pourrait aisément la manipuler par le biais du barbu. Aussi préférait-elle qu'on ne tisse aucun lien entre son ancien amant et elle.

La jeune femme s'enfonça donc dans la foule, fit un détour en arc de cercle pour finalement tomber sur les deux « tourtereaux » par le flanc. Chaque pas qui la rapprochait du jeune barbu alimentait le feu qui brûlait ses intestins. Étonnamment, elle savait parfaitement quoi dire, quoi faire et comment jouer. Dans une mimétique parfaite, elle parvint à reproduire à la mimique près le comportement de Lin en société. Elle avait été témoin d'assez nombreuses fois des tentatives de sociabilisation du jeune homme pour pouvoir le jouer à la perfection.

Aussi c'est avec un sourire flamboyant qu'elle les aborda, un regard bienveillant en option et une claque sèche sur l'épaule qui n'avait rien de chaleureux. Effrayant.

- Ah te voilà ! « Maman » te cherche partout ! Mais... Mon dieu, quelle beauté tu nous as trouvé là ! Je suis en-chan-tée de vous connaître ma dame, vraiment EN-CHAN-TEE.

Un sourire, une courbette et encore un sourire. Vamp en avait mal aux joues. L'expression perplexe de la nobliotte l'alerta sans l'alarmer. Répondre aux questions avant qu'elles ne se posent. Fraternelle, Vamp glissa un bras innocent autour des épaules du jeune homme et l'attira contre elle. Sourire, sourire.

- Vous n'avez pas pu résister à mon p'tit frère hein ?? J'vous comprends bien ! Voyez c'te petite bouille absolument irrésistible, hein ? Comment y résister ?

La main diaphane malaxa les joues barbues comme on pétrie une pâte à pain. Sourire, sourire. Encore un petit effort. Et un petit clin d'oeil provocateur à cet enfoiré d'Anglais.

- Et cette paire de fesses, hein ? C'est pas à croquer tout ça ?

Petit moment de flottement. Vamp n'avait jamais eu de frère, mais le silence qui découla de sa dernière remarque lui enseigna vite que non, on ne vante pas les fesses de son petit frangin, même si on l'aime beaucoup. Sourire, changement de conversation, vite, sourire encore.

- La ressemblance est pas bien flagrante, hein ? Pensez bien ! Vous êtes ma-gni-fique ! Magnifique, et cette couleur ! Ces cheveux... Vos cheveux ! Tout ce... rouge ! Orange... ? C'est magnifique, vraiment, magnifique ! Je suis ravie, vraiment ravie, vous permettez que je vous l'enlève quelques minutes ? Maman -elle sera ravie aussi- le cherche vraiment partout, une catastrophe. Enchantée, vraiment je suis enchantée.

Sa main se referma comme un étau sur le bras du jeune homme, ses doigts s'y enfonçant comme s'ils cherchaient à en agripper l'os et elle le tira derrière elle alors qu'elle s'enfonçait de nouveau dans la foule. Sourire envolé, regard d'acier retrouvé, elle creva la masse d'ivrognes sans se retourner. L'expression de son visage était telle que certains clients s'écartèrent même de son chemin avant qu'elle ne les dégage elle-même. Son bras forçait douloureusement pour obliger Lin à la suivre. Le bouillonnement prenait de l'ampleur. Jouer la comédie n'était pas son fort. Et puis elle n'aimait pas sourire. Elle avait mal aux joues et la voix aiguë qu'elle avait prise raisonnait désagréablement à ses oreilles.

D'une colère à peine contenue, Vamp ouvrit la porte de la réserve avant de se tourner vers son ancien amant. Envolée la jolie sœur. Droite, la silhouette encadrée par les pans rigides de son manteau, le regard franc et pas l'ombre d'un sourire sur les lèvres, Vamp dans toute sa froide cristallisation. Sa tête s'inclina doucement sur le côté alors que ses yeux scintillèrent de l'étincelle du sarcasme.

- Si mon frangin d'amour veut bien se donner la peine d'entrer...

Une demi seconde plus tard, elle refermait la porte sur eux, étouffant le brouhaha de la taverne. L'odeur des fruits et des épices l'enveloppa aussitôt mais elle s'en soucia comme de sa première lange. Vamp fit volte-face, prête à se planter devant Lin et à lui faire regretter son choix.

Il y eut tout au plus cinq secondes de silence avant qu'elle ne franchisse le pas qui les séparait. Ses doigts remontèrent sur sa joue barbue, comme pour lui agripper le visage, un battement de cil avant que sa bouche ne trouve la sienne. Son corps avait suivit le mouvement de ses lèvres et se glissa entre ses bras d'homme par la même impulsion. Ce fut tendre, ses lèvres se fondant délicatement sur celles du jeune homme en une caresse toute satinée. Mais la tendresse ne dura pas. Il y avait la rousse. Une ROUSSE. Impérieuse, Vamp mordit la lèvre qu'elle goûtait. Elle ne demanda aucune permission, sa langue viola la bienséance pour forcer le passage et abuser de celle de Lin, si tentante et si sensuelle. Son corps changea de comportement, se moulant étroitement à celui du barbu et forçant pour l'appuyer contre le mur.


Aucune rousse ne toucherait les fesses de son homme.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeDim 19 Oct - 16:15

Un profond sentiment d'agacement s'invita dans le torse de Lin alors que la voix de Vamp s'élevait à ses oreilles. Une voix beaucoup trop aiguë. Anormalement haute, presque crécerelle. Et ces intonations, si fausses, qui perçaient ses tympans. Il serra les dents pour ne pas lui ordonner de se taire alors qu'elle passait un bras autour de ses épaules avec une bonhommie qui irritait le jeune homme. Mais qu'est-ce que c'était que ce cirque, au juste ?

S'il avait volontairement placé la nobliote qu'il avait emmenée avec lui dans le champ de vision de Vamp, ce n'était que pour la faire réagir et lui faire décoller les yeux de ce qu'il pensait être son amant du soir. Il ne voulait pas qu'elle vienne lui ficher en l'air son plan de la soirée ni qu'elle s'insurge haut et fort, seulement qu'elle relève la tête et sorte d'un jeu qui ne lui plaisait pas. Seulement.

Un grondement sourd résonna dans le poitrail de Lin alors qu'il levait des yeux très clairs sur celle qui se déclarait sa frangine. Ca n'était pas le moment de jouer à ça. Pas ce soir-là et encore moins dans ces conditions. C'était évident qu'ils ne se ressemblaient pas ! Elle avait la peau si blanche et les cheveux si noirs qu'elle aurait pu venir d'un pays étranger, même pas encore découvert alors que lui arborait le tignasse couleur d'épi mûr que tout bon nordique portait dans ses gènes.

Pourtant, la rouquine semblait mordre à l'hameçon. Elle avait certes l'air éberlué et très peu de temps pour réfléchir à la situation qui se déroulait devant ses yeux tant la brune déblatérait vite, mais ce n'était pas vraiment l'incrédulité de leurs liens du sang qui frappait dans son regard. Plutôt celle que son cavalier se voie ramener dans les jupes de sa mère sans même avoir pu esquisser le moindre mouvement envers elle. C'était incompréhensible, voire même un peu grossier, songea-t-elle, de la part de sa soeur de l'extirper d'une situation qu'il avait induite seul. Elle pinça même les lèvres, pour montrer son outrage.

Lin n'eut pas le temps d'expliquer quoi que ce soit. Au moment où il allait prendre la parole pour refuser catégoriquement d'aller voir leur "maman", Vamp transmit une force quasi brute à son avant-bras, l'obligeant à faire quelques pas dans son sillage.

Il se retrouva coupé de la vision de la nobliote aussi vite qu'il s'était vu imposer celle de la brune et il tourna un instant la tête de toute part pour essayer de trouver Larson. Mais celui-ci restait introuvable. Du moins dans les conditions bancales dans lesquelles il se trouvait et il ne put que se résoudre à reporter son attention sur la jeune femme devant lui. Alors que le brouhaha ambiant masquait le bruit de leurs pas sur un sol irrégulier, la pression des doigts blancs sur son antérieur était, elle, tout à fait discernable. Elle le tenait avec une poigne qui ne pouvait que signifier qu'elle ne le lâcherait pas, quitte à lui imposer de la suivre. L'agacement du jeune homme n'en fut qu'augmenté et il donna un sec coup de bras pour se dégager de cette emprise qu'il n'appréciait pas.


Mais ça va bien ! On traite pas son frère comme ça ! Et encore moins quand il l'est pas vraiment. Un peu de considération pour la famille, merde !

Il ne réfléchissait pas vraiment à ce qu'il disait, ni aux liens qu'elle avait inventés. Ce n'était que pure extériorisation de l'irritation qui lui chauffait les tempes. Il trouvait sa réaction illégitime et son histoire farfelue. Ca n'était pas comme ça qu'on embobinait les gens. Il fallait du plus construit, du plus crédible. Le coup de la famille était un classique qui fonctionnait, mais dans des cas plus classiques aussi. C'était évident que ça ne pouvait pas marcher dans cette situation-là. Il en venait à se perdre dans les récriminations qu'il lui destinait et la suivit bientôt de son propre chef, comme on suit quelqu'un pour finir de lui remonter les bretelles.

Et puis cette voix … Non mais cette voix … Qu'est-ce qui t'a pris ? C'était beaucoup trop haut ! Ca arrache les tympans, ça fait couler les oreilles ! Un auditoire doit vouloir écouter pour que ça passe bien. Sinon, tu peux être sûre qu'ils vont se focaliser sur ce qui est illogique et faire tomber ton histoire. C'est pas professionnel, tu vas te faire griller, c'est évident !

A mesure qu'il lui dispensait un ersatz de cours sur l'alibi bien ficelé, son torse fendait la foule et s'engouffrait dans le chemin ouvert par la brune, inconscient d'où elle le dirigeait. Il s'arrêta alors qu'elle marquait elle aussi l'arrêt et répondit même d'un signe de tête alors qu'elle lui demandait sarcastiquement de s'avancer dans une pièce dont il ne connaissait pas l'utilité. Loin de se méfier d'où il était emmené, il pénétra dans le local tout en continuant à déblatérer. Déblatérage qui s'arrêta cependant net quand la porte se referma dans son dos, les plongeant dans une brusque pénombre.

Et puis c'est pas … Euh … Qu'est-ce que …

Il fit alors volte-face, les sens en alerte. Ce n'était pas bon. Pas bon du tout. Vamp était plantée devant lui, l'air visiblement décidé et aussi muette qu'une carpe. Au vu de la situation antérieure, ce calme subit ne laissait rien entrevoir de bon.

Il laissa les quelques secondes de silence s'écouler dans la simple écoute de leurs souffles respectifs, ses pupilles s'élargissant lentement pour mieux discerner la brune sous la faible lumière de la pièce. Elle était insondable. Il aurait cru pouvoir lire la colère froide ou la vengeance sur ses traits. Bien qu'il n'envisageait que peu ce dernier sentiment lorsqu'il était honnête avec lui-même. Elle lui avait fait comprendre qu'il n'était plus désirable dans sa vie, pourquoi essaierait-elle de se venger ? Peut-être pour son honneur, à la rigueur. Si elle considérait que le mois n'était pas une unité de séparation convenable pour remonter en selle. A la rigueur.

Mais ses traits n'exprimaient rien de lisible. Eventuellement une hésitation, à un certain moment. Oui, c'était peut-être ça. Une hésitation. Il y avait eu comme un tic, à la commissure de ses lèvres. Comme un léger tremblement. Mais il n'eut pas le temps de s'y attarder. Ces lèvres qu'il avait oniriquement vu bouger se retrouvèrent plaquées contre les siennes avec une vivacité qui le força à reculer d'un pas pour ne pas perdre l'équilibre.

En un instant, elle se retrouva entre ses bras, son corps épousant parfaitement la forme du sien, s'y attachant avec une pointe d'impératif. Il ne comprit pas plus comment sa langue parvint entre ses lèvres mais il la sentit clairement glisser le long de la sienne, lui arrachant un tressaillement incontrôlé. Vamp était contre lui, tout contre lui. Indubitablement et totalement creusée à sa forme.

L'espace d'un instant, Lin crut qu'il rêvait la réaction de la brune. Tout s'était déclenché bien trop vite pour que sa raison ne suive convenablement et il songea n'être qu'en plein fantasme, la jeune femme entre ses bras comme il essayait de se persuader qu'il ne voulait pas.

Vaine tentative s'il en était. Au moment où il s'était retourné pour poser son regard sur elle, une attache avait cédé au fond de son ventre, envoyant sa raison à la dérive. Il avait beau s'énerver contre son attitude et ses manières, son corps réagissait malgré lui. Et ses yeux avaient vu sa nuque. Et les cheveux qui en occultaient désormais une partie. Cette nuque qu'il aimait tant chercher sous les mèches brunes, dégager d'un coup de nez pour se l'approprier de ses lèvres. La peau si fine qui couvrait le haut de sa colonne vertébrale, zone si fragile et si sensible à laquelle il aimait arracher quelques frissons du bout de sa barbe.

Alors qu'elle l'embrassait avec une fougue qu'il avait si souvent voulu retrouver, son esprit lui renvoyait les réminiscences de leurs chamailleries passées et de leurs failles à tous deux. Ses bras se refermèrent sur le corps blanc sans concerter ses pensées à la dérive, emprisonnant le buste de la brune avec une possessivité toute instinctive. Il la connaissait sur le bout des doigts. Son corps savait parler au sien. Il n'avait pas besoin de sa conscience.

Toute réticence se volatilisa quand ses mains touchèrent la peau diaphane et la brume de souvenirs vola en éclats aussitôt que la chaleur de l'épiderme atteignit ses sens, le projetant à nouveau dans la réalité de l'instant. Elle était là, entre ses bras. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle était pour lui, ni de ce qu'il représentait pour elle mais peu lui importait. Son corps connaissait le sien. Et le réclamait.

Sans plus réfléchir, Lin se redressa contre le mur où elle l'avait poussé à s'appuyer et s'en détacha d'un coup d'épaule assuré. Il était hors de question de la laisser faire. Ses mains voletèrent jusqu'aux pans de son manteau noir, les écartant d'un mouvement sec alors qu'il la forçait à reculer en s'avançant vers elle d'un pas autoritaire. Elles s'empêtrèrent dans le tissu alors qu'elles le retirait de ses épaules et bientôt de son buste, le laissant choir à terre. Il ne serait d'aucune utilité sur cette chemise bien trop opaque. Désoeuvrées une fois le paletot au sol, elles se ruèrent sur les boutons du vêtement trouble-fête, les faisant sauter un à un avec une surprenante agilité, remontant la ligne jusqu'au col qui se vit écarter par des paumes impatientes. Ses lèvres avaient quitté les siennes pour se poser au creux de son cou, alternativement entrouvertes pour laisser sa langue goûter cet épiderme qu'il voulait tant. Tout son corps se réveillait contre le sien, s'engageant dans un ballet sensuel qui ravivait des émotions éteintes, loin des circuits de la conscience.

Il n'y avait pas de préméditation, pas de réflexion ni d'intention déterminée derrière les gestes qui animaient le jeune homme. Seul son corps se faisait l'instrument d'un désir qu'il ignorait, le menant sans relâche au contact de la jeune femme. Bientôt, ses yeux repérèrent les étagères où le gérant entreposait ses stocks, les barils de sa réserve et la table de ses préparations. Son bras chassa tous les ustensiles présents dans un mouvement ample, laissant une surface plane en un rien de temps, dans un tintement de verre et de métal qui s'échouent au sol. La seconde d'après, son torse forçait le corps de Vamp à s'y étendre alors qu'il se débarrassait de sa propre chemise sans prendre le temps d'en défaire les liens.

Il n'y avait plus de rousse, plus de Larson, plus d'agacement. Il n'y avait plus que la pénombre de cette pièce, ce corps et le sien.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeMer 22 Oct - 13:38

Autoritaire, c'était le mot. La surprise de la jeune femme la laissa reculer de quelques pas. Lin n'avait jamais été timide ou hésitant lorsqu'il s'agissait de la dévêtir. Pourtant, l'impatience avec laquelle il lui retirait ses vêtements prouvait une soif de son corps qui l'aurait fait rougir si elle avait prit le temps d'y arrêter sa pensée. Mais Vamp était bien loin d'un semblant de réflexion.

Son instinct voulu s'opposer à la domination du jeune barbu, à la pousser à sa rencontre et à se heurter à son autorité. Par esprit de rébellion et par envie de jeu. Ses mains blanches forcèrent sur le torse du jeune homme pour l'empêcher d'avancer plus, pour faire naître en lui la frustration et retrouver un semblant de pouvoir sur lui. Mais Lin fut plus rapide qu'elle. Toute volonté s'évanouit lorsque les lèvres du jeune homme recouvrirent son cou brûlant. Les bras de la jeune brune perdirent toute combativité alors que son corps s'abandonnait contre le buste de son compagnon. Un frisson remonta le long de son échine, fermant ses yeux de plaisir alors qu'il obligeait ses doigts à agripper convulsivement la nuque du barbu. Elle en voulait plus.

Lin n'était pas dans le jeu. Il avait commencé à la dévorer. Il n'y avait ni jeu ni préliminaires, juste un désir qui hurlait sa soif et réclamait satisfaction. Légèrement cambrée, la jeune femme inclina la tête alors que son corps cherchait à gagner quelques centimètres pour pouvoir aller à la rencontre de ces lèvres. La bouche de Lin avait toujours eu un effet immédiat sur elle et la retrouver après tout ce temps exacerbait ses sens à la limite du soutenable.

Conquise et obéissante, elle se laissa allonger sans la moindre résistance. Si Lin était impatient, elle ne l'était pas moins. Son corps réclamait l'empire du jeune homme. Vamp ne voulait être ni cajolée ni câlinée, elle voulait retrouver Lin. Un lit, un arbre, une table ou un sac de pommes de terre, qu'importe, elle le voulait en elle, qu'elle soit sa compagne ou son amante d'un soir, son statut présent était bien la dernière de ses préoccupations. En quelques secondes, elle avait envoyé ses braies dans l'ombre.

Ses yeux sombres de levèrent sur l'homme qui la dominait. La lumière qui filtrait sous la porte de la réserve ne lui permettait que de deviner la forme du corps de Lin. À travers le brouillard de désir qui embrumait ses pensées, une seule parvint à frapper sa conscience. Agrippant l'épaule du jeune barbu pour réussir à se redresser, Vamp s'assit avec lenteur, sans le quitter des yeux, brisant pour quelques secondes l'impulsivité de l'instant. Lin était terriblement séduisant et désirable. Et il était nu. Et entre ses bras, à elle. Un sourire de conquérante éclaira un instant le visage de la jeune femme avant qu'elle ne vienne lui mordre la lèvre en l'attirant dans ses bras. Sans la moindre hésitation, avec la même autorité qui répondait à celle de Lin, ses cuisses se glissèrent autour de la taille du jeune homme, impatientes.

***


Vamp reboutonna lentement sa chemise dans un silence religieux. Depuis qu'elle avait intimé au jeune barbu d'entrer dans la réserve, elle n'avait pas dit un mot. Il n'y avait rien eu à dire. Lin et elle s'étaient retrouvés avec une faim qui les avait tenus écartés de toute réflexion. Ils s'étaient jetés l'un sur l'autre sans réfléchir, sûrs de ce que désirait leur corps. Or Vamp savait qu'une fois cette porte passée, de nouveaux problèmes allaient s'imposer à eux.

La jeune brune se penchait pour rechausser l'une de ses bottes lorsque l'odeur de sa peau l'arrêta. Un sourire discret étira ses lèvres. Elle sentait Lin. L'odeur du jeune homme recouvrait tout son corps et l'enveloppait d'une sensualité qui surpassait tout ce qu'ils venaient de vivre.

Lin la connaissait à la perfection. Il savait où caresser et où la mordre pour la transformer en amante languissante. Il savait aussi quoi faire pour la rendre impatiente et incontrôlable. Alors qu'elle passait son bras dans l'une des manches de son manteau, Vamp jeta un coup d'oeil par dessus son épaule pour observer le jeune homme se rhabiller. Ses yeux noirs longèrent la colonne vertébrale encore nue, savourant le mouvement des omoplates puissantes et s'arrêtant aux braies qui occultaient déjà des fesses que ses paumes s'étaient généreusement appropriées plus tôt. Elle se pinça les lèvres pour endiguer la nouvelle soif qu'elle sentait monter le long de sa gorge, soif qui n'était pas qu'un nouveau désir charnel. Elle avait profondément envie de venir se blottir contre ce dos, de fermer les yeux et de sentir la chaleur du corps de Lin caresser sa joue. Elle avait envie de retrouver la sécurité de ses bras et de l'écouter déblatérer ses bêtises de la journée. Elle voulait Lin.

Vamp détourna les yeux pour rajuster le col de son manteau et en boutonner les pans. Elle savait qu'elle ne pouvait pas avoir ce genre de gestes avec Lin. Pas maintenant, pas avant d'avoir eu une discussion d'adultes ni d'avoir mis les choses au clair.

Il avait pourtant amplement imprimé la marque de ses doigts sur ses hanches et son cou ressentait encore les morsures de ses dents. Au fond d'elle, Vamp savait que la notion de couple n'avait été qu'un concept abstrait entre Lin et elle. Dés la première nuit de leur rencontre, ils ne s'étaient plus quittés. Ils avaient vécu ensemble sans se soucier des liens du mariage. Quant à la question de la fidélité, elle ne s'était jamais posée, Vamp ne supportant aucun contact extérieur sur son épiderme. Elle était persuadée que les choses se seraient passées exactement de la même façon si elle avait entraîné Lin dans une réserve sombre en étant officiellement sa compagne.

Un nouveau sourire étrange flotta un instant sur les lèvres de la jeune femme. Oui, elle sentait parfaitement bien la marque des doigts de Lin sur ses hanches. Elle pouvait aussi ressentir la caresse de son souffle haché contre son cou. Son torse brûlant et haletant contre sa poitrine nue. Ce corps si chaud, apaisant et protecteur...

Vamp s'approcha d'un pas impulsif. S'ils venaient de faire l'amour avec une passion d'animal affamé, il était viscéralement impossible pour la jeune femme de quitter la réserve dans la minute. Elle s'arrêta face au jeune barbu en silence et, sans oser le regarder franchement dans les yeux, s'autorisa à renouer tendrement le cordon de sa chemise avec une douceur qu'elle n'avait jamais eu qu'avec Lin.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeJeu 23 Oct - 13:38

Le tissu glissa sur son bras droit, puis sur le gauche avant qu'il ne passe sa tête dans l'ouverture du col, ses mains agrippant le tissu en haut de son torse pour le dérouler jusqu'au bas de son buste. Le silence qui enveloppait ses gestes et le simple bruissement des étoffes dans la pénombre agissaient sur Lin avec une puissance qu'il n'aurait jamais soupçonnée. Il se sentait étrangement apaisé et d'un calme à toute épreuve. S'il n'avait pas été si perclus de sensations, il aurait juré que son esprit était limpide.

Mais l'attrait des réminiscences immédiates l'emportait sur la clarté de ses pensées. Il voyait un bras blanc qui s'enroulait autour de sa nuque, sentait sa réplique qui s'appropriait son dos, frissonnait de ces lèvres contre sa gorge. Cette peau si chaude sous ses mains et ce souffle si court qui tombait au creux de son oreille. Un tressaillement le redressa alors qu'il rajustait sa chemise sur ses épaules. Il fallait qu'il parvienne à se reconcentrer.

Ses yeux se relevèrent sur la silhouette qui se découpait désormais devant lui, arrivée là avec une discrétion caractéristique. Un mince sourire s'étendit sur ses lèvres alors qu'il percevait ses mains qui s'activaient sur le lien de sa chemise à peine renfilée. Elles étaient douces et appliquées. Pleines de tendresse. Le sourire du jeune homme s'élargit à cette pensée et il prit soin de rester immobile pour ne pas rompre le charme de l'instant.

Vamp n'était plus officiellement sa compagne. Il l'avait compris durant le mois qu'ils avaient passé chacun dans leur vie respective mais il ne s'était pas résolu à songer qu'ils ne s'aimaient plus. Elle n'était plus officiellement sa compagne, certes. Mais l'avait-elle jamais été, officiellement ? Ils s'aimaient, c'était bien suffisant. Il n'avait pas besoin de l'appeler sa compagne pour qu'elle soit à son côté en toute circonstance. Alors qu'aux yeux du monde, le fait qu'elle ait vécu un mois loin de lui prouve qu'elle n'était plus sa compagne ne lui importait que peu. Il voulait retourner dans leur référentiel pour savoir s'il était légitime dans cette chaleur qui pulsait sous son sternum à sa proximité. C'était tout ce qui lui importait, en termes de définition.

Et là encore, il se sentait envahi de cette chaleur. Un peu plus intensément qu'avant le mois écoulé, même. C'était presque une brûlure. Comme si ses sentiments, son désir et son manque s'étaient mués en une unique sensation. Une peur excitatrice. Le mordant d'une attente impatiente. A la limite de la douleur. Les doigts fins qui renouaient le lien de sa chemise parvenaient à eux seuls à malmener l'assurance qui n'avait jamais vacillé face à quiconque durant ces dernières années. Des experts de la déstabilisation.

Le sourire qui ourlait ses lèvres s'étendit au reste de son visage dans une ombre bienveillante. La femme qui se tenait devant lui n'avait aucun statut défini et il ne voulait pas lui en donner un. Pas maintenant. Il voulait juste se souvenir de son étreinte et de chaque ondulation qu'il avait su lui arracher. Le reste arriverait bien assez tôt. Il leva lentement le bras jusqu'à mener une main aux mèches brunes qu'il effleura du bout des doigts. Elles étaient encore courtes mais leur longueur devenait tentante. Bientôt, elles seraient parfaites pour recouvrir la nuque blanche.

Pensif, il glissa sa paume contre cette nuque, l'enveloppant de chaleur alors qu'il approchait sa propriétaire de son torse d'une légère pression. Son visage se releva par instinct en sentant celui de la brune approcher et il déposa ses lèvres sur son front dans un bref baiser. Juste de quoi garder son goût un peu plus longtemps. Et son toucher. Son odeur. Il la relâcha aussi discrètement qu'il l'avait attirée contre lui et se recula d'un pas, comme pour signer la fin de cet instant un peu hors du temps.

Il ne savait pas depuis combien de temps ils s'étaient éclipsés ni si leurs absences avaient été remarquées. Il aurait voulu que personne ne les attende au-dehors mais sa conscience ne pouvait s'empêcher de lui rappeler que Larson était seul sur un terrain bancal. Il devait retourner récupérer la rousse qu'il avait laissée en plan s'il voulait aider son compère convenablement et lui faire passer la pilule qu'il comptait lui faire avaler dès ce soir. Pilule qui n'était autre qu'une décision qu'il avait prise, seul, dans l'après-midi.

Il porta un regard franc sur la brune, les yeux habitués à la pénombre. Il pouvait deviner les traits de son visage et le mouvement de ses yeux noirs. Il ne pouvait pourtant pas déceler ce qu'elle pensait mais il n'était pas temps de s'en préoccuper. Il pivota sur ses talons et prit le chemin de la porte avec assurance. Il devait retourner dans l'arène, il n'avait pas le choix. Bien que l'idée de renvoyer la brune à ce brun lui déplaisait fortement. Pourtant, il ouvrit la porte d'un bras décidé et fit une courbette ridicule pour faire signe à Vamp de passer.


Si mon adorable soeurette veut bien se donner la peine …

Il attendit qu'elle ait disparu dans la foule pour s'extirper de la réserve à son tour, peu désireux que la rouquine le trouve en sa compagnie. Cette histoire de "soeur" avait déjà été à peine crédible, il n'était d'aucune utilité d'en rajouter dans le ton faux. Il fallait qu'il la retrouve et qu'il parvienne à se faire pardonner cette disparition aussi subite qu'injustifiée aux yeux d'une nobliote tout juste levée.

Grimaçant à cette idée, en plein milieu de la foule, il tourna la tête pour jeter un oeil à Vamp, retournée s'accouder au comptoir. L'homme brun était toujours à son côté. Les mâchoires de Lin se serrèrent malgré lui mais il ne fit pas le moindre mouvement. Il ne pouvait pas se le permettre. Il faudrait simplement qu'il pense à lui en parler quand ils auraient l'occasion de s'expliquer avec la jeune brune.

Forçant son regard à éviter cette zone de la taverne, il fouilla les alentours avec l'attention et la minutie d'un professionnel. Retrouver une cible, il savait faire. Au bout de quelques allers-retours de pupilles, ses yeux s'arrêtèrent sur une masse rousse à l'agitation nerveuse. Un mince sourire de prédateur étira les lèvres de Lin alors qu'il prenait le chemin de la jeune noble. Elle n'était pas partie. Il l'avait ferrée correctement.


Les femmes sont possessives quand elles s'y mettent …

Il s'était arrêté dans son dos et avait baissé la voix d'un ton pour lui intimer cette vérité générale comme on le ferait pour une confidence. Il le savait, la surprise couplée à la satisfaction suffisaient à combler les attentes de ce genre de femmes. L'exception à la règle n'était pas pour ce soir.

La rouquine se retourna avec un mouvement d'agacement exagéré. Le jeune homme ne fut pas dupe. C'était trop couru pour ne pas être joué. Il lui décocha un sourire mi-repenti mi-séducteur qui parvint à faire voler en éclats les bonnes résolutions de la nobliote et elle finit par lui sourire comme on sourit lorsqu'on se laisse convaincre un peu trop facilement. Quelques instants plus tard, deux couples quittaient l'établissement, chacun partant dans une direction différente, l'homme de chaque duo faisant signe à l'autre pour ce qui ressemblait à un prochain rendez-vous, plus tard dans la nuit, non loin de là.

[…]

Quelques heures plus tard, alors que la nuit était déjà bien avancée, les deux hommes se retrouvèrent dans une petite rue totalement déserte avec la discrétion des comploteurs de haut vol. Lin s'était assuré que personne ne rôdait à trois rues de là à la ronde mais ce fut tout de même à voix basse qu'il s'adressa à Larson. Les deux silhouettes formaient une seule ombre au sol sous la lumière de la lune tant elles s'étaient rapprochées pour qu'aucune autre oreille ne puisse entendre ce qui se tramait entre leurs deux propriétaires.

Brusquement, l'anglais se redressa et poussa le jeune homme aux épaules dans un rejet évident de sa proposition. Mais Lin ne comptait pas se laisser démonter. C'était nécessaire. Ils n'avaient pas le choix. Que l'idée ne plaise pas à Lars, il le comprenait parfaitement. Mais il savait aussi qu'il allait devoir l'accepter s'il voulait garder son territoire intègre et ses revenus à flot.

Après une longue et âpre discussion sur les modalités de la mise en oeuvre de l'idée de l'homme à barbe et sur les conditions de celle-ci, ils se séparèrent à nouveau pour retourner chacun sous un toit différent. Ils allaient pouvoir contre-attaquer face à cette bande qui semblait s'infiltrer sur leurs terres et ce, dès le lendemain, quand le reste de la nuit leur aurait permis de récupérer les forces et la vivacité nécessaire à la mise en place de leur entreprise.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeVen 24 Oct - 19:41

Vamp creva la foule d'un coup d'épaule, le visage aussi fermé qu'elle l'avait eu lorsqu'elle avait quitté le comptoir. Malgré la foule qui commençait à s’amonceler, personne n'avait touché à sa place. Elle en bénit silencieusement son camarade brun si efficace et s'assit sans un mot. Ce que la jeune femme ne savait pas, c'est que son visage était désormais lié à une certaine autorité qui grandissait dans la ville et qu'une réputation plus ou moins véridique commençait à l'auréolée d'une gloire morbide dont elle se serait volontiers passée si elle avait eu vent de cette dernière.

- Alors ?

- Mmh ?

- Ce miel. Tu l'as trouvé ?

La jeune femme cligna des yeux alors que d'intenses réminiscences s'imposaient à elle. La contraction des cuisses de Lin sous ses doigts. Les mouvements fluides de son bassin qui venait tour à tour l'agacer par sa lenteur puis lui arracher un soupir de plaisir par une impulsion impitoyable. Le contact de la langue du jeune homme sur son corps devenu brûlant par les caresses.

- Oui. Délicieux. C'était... Un miel délicieux, particulièrement savoureux.

Surpris d'une telle réponse, l'homme tourna son regard vers le profil de sa voisine. Ce n'était pas tant qu'il avait du mal à imaginer comment un miel pouvait être savoureux mais surtout le fait que Vamp s'était toujours contenter d'un lexique purement usuel dans leurs conversations. C'était une première. Interloqué, ses yeux clairs examinèrent un instant le visage blanc, notant des pommettes plus rosées que d'ordinaire. Plus perplexe encore, il sonda un instant la foule du regard, sans vraiment savoir ce qu'il cherchait avant de hausser les épaules. Tant qu'elle ne mordait pas, pourquoi se poser de questions ?

Les doigts de Vamp jouaient contre le bord de sa choppe, sans avoir l'idée de demander qu'on la remplisse de nouveau. La jeune femme était bien loin du comptoir, bien loin de la taverne et des préoccupations de son ami brun. Elle était restée dans la réserve, bien au chaud contre le torse de Lin. C'était mièvre et puérile. Elle avait conscience d'avoir les préoccupations d'une petite idiote dégoulinante d'amour pour son premier coup de foudre. Mais qu'y faire ? Et puis tant que personne n'était au courant de ce qu'il se passait dans sa tête, l'honneur restait sauf.

- Le voilà. C'est l'heure d'y aller.

Vamp ravala un grognement et obligea ses longues jambes à s'étirer pour soutenir son corps. Des courbatures commençaient déjà à lancer ses cuisses, ses épaules étaient fatiguées et elle aurait donné beaucoup pour avoir le loisir de se traîner au lit et d'aller se pelotonner dans les bras du barbu. Elle savait pourtant que sa « journée » de travail ne faisait que commencer. Avoir le genre de coquineries nocturnes qu'elle venait de voluptueusement expérimenter avec Lin en début de soirée n'était visiblement pas une si bonne idée. Ça ne l'empêcha pas de sourire de satisfaction en y repensant...

La jeune brune rajusta son col, prenant ces quelques secondes pour s'éclaircir les idées et se reconcentrer, avant d'emboîter le pas de son camarade. Elle se glissa derrière lui, lui laissant paresseusement l'effort d'écarter les soûlards de leur passage. L'homme qui les attendait était tout ce qu'il y avait de plus banal. Habillé simplement, de taille moyenne, il était armé sans paraître excessivement menaçant. Sans un mot ni une question, les deux collègues encadrèrent l'homme comme de fidèles canidés de garde et le trio sortit de la taverne.


***

Ils en étaient à leur troisième échoppe. Ils reproduisaient invariablement le même schéma. L'homme entrait accompagné d'Isaac et Vamp restait près de la porte, côté rue. Son rôle était d'empêcher les gens d'entrer... et de sortir. Puis elle escortait son client jusqu'à l'échoppe suivante. Elle ne posait aucune question, on ne lui fournissait aucune explication. Elle n'avait qu'une vague idée de ce qu'il pouvait se passer entre les murs qu'elle gardait mais s'en moquait comme d'une guigne.

Une pluie fine avait commencé à tomber. Pénétrante, froide et désagréable. Pensive et sans aucune considération pour les gouttelettes qui s'entortillaient à ses mèches noires, Vamp enfonça frileusement son visage dans le col de son manteau. Ses yeux se perdaient dans le vide des pavés humides, son entière attention tournée sur ce qu'il venait de se passer, une heure plus tôt. Il n'y avait pas de lune, pas d'étoiles, juste la nuit, épaisse et chargée d'humidité.

Le cri d'une femme retentit mais Vamp ne cilla pas. Il y en avait invariablement toutes les minutes. Comme à son habitude, leur client avait débuté sa collecte là où même la maréchaussée n'ose mettre les pieds. Les pires quartiers de la ville, là où la vermine et la pauvreté stagnaient dans la prostitution et le vice. Là où les plus riches venaient assouvir leurs désirs scabreux et les voleurs payer leur patron. Mais la jeune brune n'était pas plus alerte qu'ailleurs. Personne n'était encore venu lui chercher des noises. Et pour cause, une femme qui est assez sûre d'elle pour se trouver seule dans ce genre de quartier est une femme dangereuse. Vamp n'avait même pas eu à se construire une réputation.

Ses pensées s'égaraient, à la fois erratiques et tournées vers un seul nœud commun. Elle était persuadée qu'il avait pris du muscle... Au moins cinq kilo de muscles. Oh oui, au moins ça. Il fallait absolument qu'elle le voit nu, entièrement nu, et de plein jour. Et ces fesses...


- Vamp !!


La jeune femme eut tout juste le temps de pivoter d'un quart de tour quand l'épaule la percuta en pleine poitrine. Surprise et déséquilibrée, elle chuta sur le pavé humide, son genou heurtant douloureusement la pierre glacée.


- Mais qu'est c'que tu fous putain ?!!


Laissant la douleur gonfler son genou, la jeune femme se releva souplement. Elle avait été imprudente, déconcentrée par ses préoccupations personnelles. Elle s'en injuria. Jamais elle n'avait fait une telle erreur, ils allaient forcément soupçonner quelque chose. Vingt secondes plus tard, elle ramenait l'homme par la peau du cou, littéralement, ses doigts enfoncés profondément dans la chair de sa nuque. Un homme qui n'en était pas vraiment un. Du moins pas encore.

Ce n'était qu'un gamin, plus jeune qu'elle de quelques années, un air farouche sur le visage mais une pointe de panique au fond des yeux qui rappelait à Vamp trop de regards qu'elle avait croisés par le passé. Sans le moindre commentaire, elle le ramena à l'intérieur de l'échoppe. Isaac la laissa passer sans un mot, intrigué par la bavure de sa camarade mais trop prudent pour oser une question directe. Elle encaissa le regard lourd de sens de son supérieur sans le moindre cillement, impassible, droite et froide. Les ennuis n'allaient pas tarder à tomber...

***

La soirée du lendemain fut pénible. La journée avait été assez tendue pour la jeune femme pour écarter complètement Lin de ses pensées. Le trio avait finalement été convoqué par le grand patron, l'homme qui avait embauché Vamp pour veiller sur ses subalternes. La pièce qui leur servait de quartier général se trouvait au rez-de-chaussée d'une maisonnée abandonnée, bancale mais en plein centre de la ville, coincée entre deux petites rues annexes.

La jeune femme était appuyée contre l'un des murs de bois, le regard perdu au delà de la petite fenêtre qui donnait sur une cour fermée. Jamais, à aucun moment de la journée, le soleil ne parvenait à éclairer ce coin et, étrangement, cette pensée emplissait Vamp d'une mélancolie qui l'agaçait. Si son comportement suintait la désinvolture, ses oreilles avaient l'attention complète de son embaucheur. Elle avait royalement échoué la nuit précédente et cet échec la mettait dans une situation délicate, du moins de ce que lui en soufflait son instinct.

Embaucheur qui avait justement le regard rivé sur sa nuque blanche. Elle le sentait peser sur son épiderme, comme une main qui agrippe un cabot par la peau du cou et le secoue pour le faire obéir. Il n'avait rien d'impressionnant. Il devait lui arriver à l'épaule, tout au plus, et ses cheveux blancs accentuait le gris de ses yeux. Vamp aurait amplement eu la force de le repousser d'une main. Mais pour ça, il aurait fallu passer sur le corps des trois armoires qui l'encadraient nuit et jour, grassement payés et efficacement conditionnés.

L'argent, le conditionnement et la peur, c'était la clé. Le vieil homme savait que Vamp n'avait un intérêt pour l'argent que très limité. Elle se contentait de ce qu'il lui fallait pour vivre, ni plus ni moins. Cela faisait un mois qu'il tentait de la modeler à ses principes, de l'embrigader dans le conditionnement habituel qu'il employait avec certains, mais sans succès flagrant. Elle ne semblait ni intéressée ni inquiète, juste profondément indifférente à ce qui l'entourait. Restait la peur. Il voulait la garder, la museler. Il sentait le potentiel de la jeune femme, sa froideur naturelle et le gel mordant de ses yeux. Une recrue de choix. Il ne manquait plus qu'à trouver son point faible...

- Bien. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Il manquait plus d'une centaine d'écus à la recette de votre groupe d'hier soir. Vous avez dix secondes pour... disons... me « retrouver » cet argent. Pas de balbutiement, de bégaiement ni supplication. Et vous savez comme la patience n'est pas l'une de mes principales qualités. 
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeSam 25 Oct - 16:49

Courbé en deux, à bout de souffle, Lin tenait son poignet droit dans une grimace de douleur alors qu'il prenait appui contre l'une des masures de la ruelle où il se retrouvait après avoir détalé aussi vite qu'il l'avait pu. Les terminaisons nerveuses de ses phalanges hurlaient à intervalles réguliers, faisant refluer une onde électrique sans répit le long de l'avant-bras du jeune homme, lui rappelant avec quelle force il avait percuté la pommette qui ne lui appartenait pas. Il n'aurait jamais dû frapper si fort. Rien ne le justifiait. Sa grimace s'agrandit alors qu'il y repensait, le torse soulevé par sa respiration forcenée. C'était complètement stupide.

Adossé à la pierre rugueuse, il tentait tant bien que mal de calmer les à-coups de son diaphragme, déglutissant comme il le pouvait une salive agglutinée par la course. Il y avait longtemps qu'il ne s'était pas livré à de tels agissements et il se souvenait à l'instant-même de pourquoi. Ses poumons étaient en feu et son coeur ne cessait de se rappeler à ses tempes. Il le savait pertinemment pourtant. On ne se bat pas en terrains inconnus, entouré de gens inconnus. On maîtrise ses échauffourées. On gère ses rixes. Un soupir lui échappa. Un véritable imbécile.

Ses yeux noisettes se relevèrent sur l'homme qui l'accompagnait, le détaillant avec plus d'attention maintenant qu'il en avait l'occasion. Il ne lui trouvait rien d'extraordinaire, pas d'allure particulière ni de signes extérieurs de danger potentiel. Pourtant, il l'avait vu se battre dans l'angle de sa vision et il se devait de reconnaître que son jeu de jambes était impeccable. Il ne payait pas de mine mais il suintait l'entraînement une fois en action. Il pouvait même sans doute se montrer dangereux. Il garda cependant un air totalement neutre quand leurs regards se croisèrent et retint même sa respiration pendant quelques instants, comme pour prétendre qu'il n'était pas aussi essoufflé qu'il l'était en réalité. L'autre paraissait à peine affecté par la course, ce n'était pas le moment d'être en infériorité.


Ca va, là ? On peut y aller ?

Le ton faussement agacé de Lin, s'il était parfaitement vendeur, n'était qu'une façade occultant la multitude d'interrogations qui agitait son esprit. S'il avait dû se promener physiquement dans ses pensées à cet instant, il serait mort étouffé. L'imbroglio était bien trop sombre et les tenants bien trop acérés pour qu'il ne s'en sorte. Il fallait donc qu'il passe au-dessus, sans accroc. Viendrait le temps de débroussailler mais pour l'instant, l'heure n'était pas à la question.

L'autre ne parut pas faire cas de l'irritation du jeune homme et se contenta de lui faire un signe de menton pour lui indiquer la marche à suivre. Lin ne se fit pas prier et lui emboîta le pas, secouant sa main hors de la vue de l'homme pour essayer d'endiguer les flots douloureux qui en émanaient. En vain. Imbécile.

Le trajet était inconnu mais le jeune homme prit soin de l'ancrer dans son esprit. Il ne connaissait pas ces ruelles mais il aurait peut-être bientôt à le faire. Chaque maison, chaque angle et chaque mur pourrait avoir son importance. Il faudrait peut-être même qu'il sache les reconnaître. Ses pupilles traçaient des chemins sans fin sur les masures, les analysant autant qu'il les classait, attentif.

Attentif, jusqu'à un certain point. L'éclatante façade d'une maison plus cossue se réverbéra sur son tapis clair avec une insolente blancheur qui le perturba grandement. Tout ce blanc laiteux ne le laissait pas indifférent. Il aurait voulu le rester, garder la tête froide et les pieds sur terre. Mais son corps ne sut pas reléguer la contraction de son ventre aux oubliettes et il fut contraint de déglutir pour atténuer un peu l'intense chaleur qui la suivit. Et chaque lézarde sombre sur le crépis s'élevait, insolente coupe noire, comme un affront envers son calme. Il aurait juré qu'elles se ré-agençaient sous ses yeux pour prendre des formes qu'il connaissait bien. Le mur n'était plus un simple empilement de briques recouvertes, c'était une oeuvre machiavélique qui happait son attention dans les tréfonds de ses réminiscences. Et qui lui donnait chaud. Vraiment très chaud.

Suffisamment chaud pour que ses pommettes rougies attirent l'attention de celui qu'il escortait depuis maintenant près de cinq minutes. Si tout le chemin s'était fait en silence, l'autre s'était arrêté brusquement et le regardait avec une intensité dérangeante. Visiblement, il s'était adressé à lui mais Lin ne l'avait pas écouté. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il devait répondre et son assurance flancha une demi-seconde.


Je … Je pensais pas qu'il y avait de telles baraques dans le coin.

Il désigna la traîtresse blanche sans la regarder, de peur de voir ses idées divaguer à nouveau. De la concentration. Il lui fallait de la concentration. Pas les courbes de Vamp. Ni sa peau laiteuse. Encore moins son regard noir et ses pupilles profondes qui l'enveloppaient de désir. Ses mains qui s'appropriaient son corps. Ses dents qui marquaient sa peau. Ses cuisses qui enserraient ses hanches.

Il s'ébroua brusquement en réalisant qu'il divaguait à nouveau et jeta un regard dévié sur son accompagnateur. Il semblait s'être désintéressé de la question et fixait un point devant lui avec une attention toute particulière. Lin tourna les yeux vers le même point, intrigué. Il s'agissait d'une porte, dans le mur d'une masure qui ne payait pas de mine. Peut-être était-ce maintenant qu'il allait devoir se concentrer comme jamais. Peut-être y étaient-ils. Ses mâchoires s'enclenchèrent alors qu'il chassait d'un revers de tête les idées déplacées qui affluaient depuis sa cervelle. Se concentrer. Pour de bon.

La porte s'ouvrit sur une silhouette qu'il reconnaissait depuis peu. Ce foutu bellâtre aux allures de brun ténébreux qui accompagnait Vamp la veille. Ne pas broncher. Surtout, ne pas ciller. Les mâchoires échauffées, Lin ne bougea pas d'un iota. Immobile juste un peu en retrait de celui qui l'accompagnait, il regardait sortir de là celui dont il rêvait de cueillir la jugulaire. Il détourna in extremis le regard alors que l'homme tournait les yeux sur lui, évitant de croiser ses pupilles. S'il l'avait fait, il aurait lu sa rage. Mais ça n'était pas le moment.

Tentant de rester aussi calme que possible, Lin reporta son attention sur la porte qui ne s'était pas refermée. Et le choc fut plus violent encore. Vamp venait d'en passer le seuil avec une indifférence de mauvaise augure. Les muscles au bord de la tétanie, le jeune homme dévisagea celle qu'il pensait être sa compagne quelques temps auparavant et qui se trouvait actuellement à l'endroit où il l'attendait le moins. Elle avait les traits tirés et son visage exprimait ce qu'il songeait être de la lassitude. Le blanc lui paraissait presque pâle et il aurait juré qu'elle n'était pas au mieux de sa forme. Quand ses yeux croisèrent les siens, il entrevit de la surprise. Avant de pouvoir en déceler plus, il rompit le contact visuel pour ne pas succomber à ce qui se pressait dans son torse. Une foule d'interrogations sans réponse, une surprise sans fond et une vilaine amertume au fond de la gorge.

Surtout, rester calme. Et concentré.

Un troisième homme fermait la marche et son allure lui rappelait quelque peu celle de l'homme qui était à son côté. Sans grand signe distinctif mais annonciateur de bien des périls sous cette chape de banalité. Là non plus, Lin ne s'éternisa pas. Il ne devait pas les défier du regard, leur donner une prise ou une piste vers la rupture de sa concentration. Profil bas. Jusqu'au bout.

L'homme qui se tenait à son côté s'avança alors vers la porte laissée entrebâillée, faisant signe au barbu de ne pas bouger. Le jeune homme s'exécuta sans broncher, sentant peser sur lui les regards soupçonneux de ceux sortis du taudis. Profil bas. Il suivait des yeux son escorte qui remontait le courte file indienne des trois personnes extirpées de là et il ne put entendre que quelques-uns des mots qui furent échangés entre le dernier et l'homme qui allait pour entrer. Il était question de maréchaussée, de vérification et de recrue.

L'instant d'après, la main de son escorte s'élevait pour lui intimer l'ordre de le suivre. Prenant soin de ne croiser aucun des regards du trio qu'il dépassait, il se glissa dans l'embrasure de la porte, celle-ci se refermant juste après lui. C'était le moment de se concentrer. L'infiltration avait commencé.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeDim 26 Oct - 11:31

Vamp n'avait pas bougé, le regard perdu dans l'ombre de cette petite cour pavée. Cette histoire d'argent ne la concernait pas, elle le savait et savait que son employeur le savait. La jeune femme était bien payée, très bien même, et la majeure partie de sa paie finissait entre les mains de sa famille. Il n'y avait aucune raison pour qu'elle soit soupçonnée de quoi que ce soit, elle n'était pas en danger direct. Quant à Isaac, elle doutait que le jeune homme soit assez stupide pour tenter quelque chose de ce genre.

La maisonnée était silencieuse, presque reposante. Mais il n'en était pas tous les jours ainsi. L'organisation dans laquelle trempait Vamp était aussi vaste que diversifiée. En l'espace d'un mois, son embaucheur avait réussi à mettre en place ses petites affaires par un réseau qui couvrait le petit banditisme comme la prostitution, le racket ou l'assassinat rémunéré. Aussi était-il fréquent que la main d'oeuvre vienne trouver refuge entre ces murs humides pour quelques nuits ou semaines.

L'affaire fut régler en moins de cinq minutes et ils eurent l'ordre de prendre congé. Vamp s'arracha à son mur. Elle était fatiguée et nerveuse mais savait que la soirée n'était pas terminée. Il fallait absolument qu'elle reste concentrée, refaire une erreur comme hier tournerait l'attention générale sur elle, et elle ne pouvait pas se le permettre. Si Vamp avait passé ce mois engloutie dans son gagne-pain avec autant d'indifférence, c'est qu'elle savait qu'ils n'auraient jamais rien contre elle en cas de bavure. Mais quelques heures plus tôt, quand la jeune femme était sortie de la réserve en laissant Lin derrière elle, sa naïveté lui avait sauté au visage. Elle avait tout à perdre. Non, elle ne pouvait plus se permettre d'attirer l'attention sur elle.

- Un instant mademoiselle...

La bouche de Vamp s'assécha alors que ses jambes s'immobilisèrent. Un mois plus tôt, elle aurait attendu les paroles qui allaient tomber avec neutralité et indifférence. Mais aujourd'hui, elle avait la désagréable impression que sa liaison avec Lin était gravée sur son front et qu'ils n'allaient pas tarder à découvrir l'existence du barbu. Aujourd'hui, son assurance n'était qu'apparence. Et elle savait que son employeur n'était pas dupe.

Isaac lui jeta un coup d'oeil par dessus son épaule avant de quitter la pièce pour l'attendre dans l'entrée. Petite attention amicale qui n'échappa pas au grand patron. Vamp, elle, n'en fut pas surprise. Isaac avait été le principal témoin de son erreur et il avait assez bien cerné son travail ainsi que Vamp pour savoir parfaitement ce qu'il pouvait se passer dans la tête brune. Elle observa le dos de son camarade disparaître, se demandant l'espace d'un instant s'il la vendrait en cas de besoin ou la protégerait d'une quelconque façon. Après tout, ils n'étaient que des inconnus l'un pour l'autre.

- J'ai eu vent de votre petite erreur d'hier soir. C'est une première.

Vamp releva la tête pour faire face à son interlocuteur, le visage lisse et imperturbable. Le vieil homme sourit. Il était partagé entre l'envie d'épouser cette stalagmite vivante ou la briser en fins cristaux de glace pour l'insolence qu'il ne cessait de lire dans ses yeux noirs. Il avait eu l'excellente idée de l'affecter à l'escorte car il savait que sa simple vue parvenait à dissuader une partie conséquente de personnes à ne pas s'approcher. Elle était grande, plus que la plupart des hommes de cette ville. Elle se déplaçait avec une assurance qu'elle n'imaginait pas et son silence était plus menaçant que la plus directe des intimidations. Une excellente recrue et une très bonne escorte. Mais il était temps de fissurer ce morceau de gel et de le soumettre.

- Une première, oui. Que s'est-il passer ? Un petit instant d'inattention ne vous ressemble pas. La fatigue, peut être ?

Vamp limita sa réponse à un silence de morte. Elle savait qu'il n'attendait aucune explication de sa part et se contenta d'attendre le véritable dessein de cette « conversation ».

- C'est le cas de votre petite protégée aux cheveux blancs qui vous inquiète, n'est ce pas ? Sa toux m'a l'air bien vicieuse, malheureusement.

Il l'observa tressaillir. Il goûta la satisfaction de voir le masque froid se craqueler sous l'effet de surprise et les lèvres s'entrouvrir d'effroi. La peau neigeuse pâlir dangereusement et les yeux sombres vaciller entre la panique et quelque chose de bien plus mauvais. Elle avait parfaitement compris la menace.

- Je lui souhaite une sincère guérison. Et ne vous alarmez pas trop, les choses finissent toujours par s'arranger. Toujours.

La jeune femme ne s'éternisa pas. Elle quitta la pièce dans le même silence qui l'avait accompagnée à son entrée avant de sortir à la suite d'Isaac. Le vent frais frappa son visage comme un bac d'eau glacée en pleine figure, ne précisant que mieux les menaces qu'elle venait de comprendre. C'était impossible. Tout simplement impossible. Ania était malade depuis plus d'une semaine, cela signifiait que cette ordure avait cherché à atteindre Vamp bien avant son erreur de la veille. Il voulait la museler en semant en elle la graine de la peur. Et c'était réussi.

La jeune brune inspira goulûment l'air frais du soir pour endiguer la panique qui commençait à remonter le long de sa gorge et la faisait trembler. Se concentrer était devenu impossible.comment avait-il fait ? Et comment cela avait-il pu lui échapper à elle ? Et à Nikolaï ? Il fallait absolument qu'elle s'éclipse, qu'elle trouve un moyen pour les rejoindre et les mettre quelque part où personne ne pourrait les atteindre. Et l'atteindre elle.

- Vamp ? Est ce que tout va bien ?

La jeune femme levait les yeux pour assurer son camarade que tout allait bien lorsqu'elle reconnut la silhouette qui s'approchait vers eux. C'était un cauchemar.

- Vamp... ?

Isaac l'observa un instant, perplexe, avant de suivre le regard de la jeune femme. L'homme à barbe qui venait de disparaître dans la maisonnée leur avait accordé tout au plus une demi seconde d'attention.

- Tu connais cet homme ?

Danger. Dis quelque chose. Vite.

- J'ai besoin d'un verre.

Elle sentit la main d'Isaac presser doucement son avant-bras mais, étrangement, n'eut aucun mouvement de recul. La voix de son supérieur, à l'inverse, eut un effet immédiat.

- Hors de question de s'arrêter dans une taverne. On a du travail et...

La paume blanche frappa sèchement la pomme d'Adam avant d'enfoncer ses doigts dans la gorge, étranglant la phrase avant son aboutissement. La peur, la colère et l'incompréhension donnait une force telle à la jeune femme qu'elle sentait qu'elle pourrait aisément lui briser la nuque.

- J'ai dit... que j'avais besoin d'un verre. Et on va aller boire ce verre. Une chose essentielle à sa survie : on ne retire pas le nonos au chien qui vous protège, il pourrait vous mordre. Est-ce assez clair ou dois-je devenir moins subtile ?
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeMar 28 Oct - 12:40

La porte se referma dans un bruit de clenche, retenant une demi-seconde l'attention auditive du jeune homme. Tous ses sens étaient exacerbés et il prenait soin de noter ce qu'ils lui transmettaient, dans l'idée qu'il aurait peut-être à s'en servir un jour. Ses yeux décortiquaient la structure du lieu avec précision, les pupilles vives. La petite entrée dans laquelle ils se trouvaient n'était pas bien large et il doutait que plus de quatre hommes aux épaules larges pourraient y tenir aisément. Au-delà, le manque d'espace entraverait leurs mouvements. La porte vers laquelle son escorte se dirigeait ne payait pas de mine et il avait du mal à imaginer que le cerveau de la bande organisée qui sévissait sur leurs terres puisse se cacher derrière un battant aussi banal.

Pourtant, on lui fit signe de s'avancer dans ce qui semblait être une pièce à tout faire, du bureau à la salle de réunion, suffisamment peu entretenue pour qu'on ne s'y sente pas totalement à l'aise, suffisamment maintenue pour ne pas paraître abandonnée. Le jeune barbu passa le seuil de cette seconde porte, les épaules droites, le regard insondable. Il ne fallait surtout pas que le moindre sentiment transparaisse. Pas de peur, pas de curiosité, pas de ressentiment. De la neutralité. Pleine et immuable. Il ne desserra pas les lèvres pour saluer l'homme qui se tenait installé en face, entouré de trois mastodontes à l'allure redoutable. S'il ne connaissait rien aux règles de ce gourbi, il savait pertinemment que dans ce genre de milieu, on ne parle que quand on y est invité. Ou quand on est en haut de la pyramide. Ce qui n'était pas son cas à l'instant.

L'homme qui se tenait en face de lui avait la surprenante apparence des hommes d'âge, si ce n'était avancé, tout du moins mûr. Les tempes grisonnantes et ses yeux assortis lui conféraient une certaine aura et Lin dut prendre sur lui pour ne pas laisser s'immiscer le sourire railleur qui lui montait irrépressiblement aux lèvres. Un enjôleur de première. Il avait cette façon de le détailler qui ne trahissait qu'une haute maîtrise de lui-même et une habitude à ce qu'on lui obéisse. A ce qu'on se plie à ses désirs. Le barbu ne bougea pas, son regard seul suivant celui du maître des lieux qui semblait l'ausculter de ses iris. On ne la lui faisait pas. Lars était tout aussi bon à ce jeu-là et le barbu était rompu au rejet de cette influence. Mais pour l'instant, n'en rien laisser paraître.

A leur entrée, son accompagnateur s'était approché de celui qui apparaissait vieux aux yeux de Lin et lui avait soufflé quelques mots. Là encore, il n'avait pu en déceler qu'une partie. Par manque de concentration plus que par difficulté d'audition. Il mettait un point d'honneur à jouer les indifférents et cette décontraction toute feinte lui prenait une énergie incroyable. Il aurait du mal à effectuer plusieurs actions simultanément s'il ne parvenait pas rapidement à se calmer les sangs pour de bon. Mais l'idée de son infiltration en ces lieux et le visage de Vamp en sortant agrégeaient ses pensées en un seul point, sans qu'il ne parvienne à s'en défaire véritablement. Il était parasité par ces préoccupations à tel point qu'il fut surpris quand la voix de l'homme s'éleva, brisant le silence qui s'était installé.


… l'occasion de faire vos preuves d'ici trois jours. Pour voir si vous êtes suffisamment capable.

Le regard que Lin posa à ce moment-là sur le chef d'une équipe déjà bien trop implantée à son goût aurait pu passer pour ahuri. Il n'avait pas la moindre idée de ce que l'homme avait pu déblatérer jusque là et ces quelques mots somme toute assez sibyllins le laissaient perplexe. Pourtant, il teinta ses yeux d'assurance in extremis et ils apparurent tout juste détachés, presque je-m'en-foutistes. Ils croisèrent ceux de son interlocuteur sans ciller, aux prix d'un effort mesurable. L'inquisition qu'il lisait dans ces iris ne le rassurait pas mais il ne devait pas flancher. Il fallait qu'il entre là-dedans et qu'il colonise ces adversaires pour mieux les descendre.

Visiblement, le patron en avait fini de ses explications et attendait que Lin prenne congé. Ce dernier n'était pourtant pas de cet avis et il jeta un regard défiant aux trois tas de muscles qui entouraient l'homme. Il ne cherchait pas directement la bagarre. Il ne voulait pas non plus se faire mettre dehors manu militari dès le départ. Il avait simplement eu un soubresaut de conscience alors que son escorte revenait vers lui. Personne ne le connaissait ici. C'était une première impression. Le moment de se catégoriser. Un mince sourire naquit à la commissure de ses lèvres et son regard se durcit légèrement. Il ne comptait pas servir de chien de garde à leur garde-manger. Il lui fallait une place stratégique. Où il aurait l'occasion de croiser du monde.

Il enfonça nonchalamment ses mains dans ses poches alors que son regard insolent revenait sur le chef de clan, ne se départissent pas de son demi-sourire. Le ton de sa voix était aussi assuré qu'il aurait voulu l'être réellement.


Rendez-vous accepté … Patron.

Il ajouta un signe de tête proprement exaspérant en articulant le dernier mot comme une boutade avant de tourner les talons, se glissant dans le sillage de son accompagnateur qui reprenait la direction de la sortie. La porte se referma à nouveau dans un bruit de clenche alors qu'il se retrouvait cette fois à l'air libre, les muscles tendus par l'effort de son jeu de minot dans un monde qu'il sentait dangereux.

Il aurait voulu se laisser tomber à même le sol, prendre appui contre le mur et expirer tout l'air qui stagnait dans ses poumons mais il n'était pas encore seul. Dans la lignée de son assurance feinte, il dépassa celui qui l'avait mené jusque là, le ton détaché.


On se croisera dans trois jours.

Il prit la direction opposée à celle de chez lui, peu désireux qu'on ne se mette sur sa trace. Si on lui avait donné rendez-vous dans trois jours, c'est qu'on ne lui faisait pas confiance. Et pour cause. Il venait de la concurrence. Avoir exposé ses accointances avec la maréchaussée et frappé Larson en plein visage pour prouver sa bonne foi ne lui avait permis que d'arriver jusqu'ici et d'être invité à repasser. Il allait encore falloir qu'il fasse ses preuves. Il ne savait simplement pas comment.

Il alla s'installer au comptoir d'une taverne qu'il ne côtoyait jamais et s'enfila l'intégralité d'une chope sans prendre le temps de respirer. Si on le suivait, il devait rester inébranlable et intouchable. Les heures passèrent jusqu'au soir et bientôt, jusqu'à la nuit. Celle-ci tombée, il s'autorisa à jeter un oeil autour de lui alors qu'il prenait congé, s'assurant que personne n'était sur ses traces. Il avait passé la journée dehors alors qu'il ne rêvait que de s'échouer sur son canapé pour laisser la tension accumulée s'évacuer dans un profond sommeil. Il se morigéna en se disant qu'il pourrait bientôt le faire, déjà sur le chemin de son chez-lui.

Une petite demi-heure plus tard, il s'enfonçait dans la ruelle qui menait jusqu'à la porte branlante qui lui servait de porte d'entrée.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeMer 29 Oct - 13:23

Le liquide ambré caressait paisiblement le rebord du verre que la jeune femme tournait et retournait entre ses doigts. Elle ne cessait de se répéter la scène, encore et encore. La silhouette de Lin, son odeur qui le suivait dans son sillage alors qu'il passait devant eux avec indifférence et le bruit de la porte qui se referme dans son dos. Si cette scène avait violemment percuté son instinct une demi-heure plus tôt, la situation devenait d'autant plus tangible maintenant que Vamp était assise devant ce comptoir. Heureusement pour elle et pour Lin, sa prise de conscience face à la dangerosité de ces circonstances n'arrivait qu'avec un temps de retard. Si sa conscience n'avait pas été aussi sonnée par l'apparition surprise du barbu, son instinct l'aurait poussée à défoncer cette porte en bois d'un coup de botte et d'aller chercher Lin par la peau du cou.

Même à cet instant, elle n'avait qu'une envie : laisser ce verre en plan et courir retrouver Lin. Pourtant, elle savait que c'était bien la dernière des choses raisonnables à faire. Lin était entré dans la fosse, il était trop tard pour l'en sortir en douceur. Mais que foutait cet espèce d'abruti poilu aux grands yeux de labrador adorable dans cette maison ? Il n'était pas rassasié de ses petites magouilles avec Larson, il en voulait plus ? Un peu plus de piment dans sa vie ? Du piment... Elle allait lui en donner, du piment.

D'un geste sec, elle fit descendre l'alcool dans sa gorge, grimaçant à peine sous la brûlure qu'il laissait à son passage. Vamp n'avait jamais été une habituée des boissons fortes et, depuis le début de leur relation, Lin abhorrait qu'elle y touche. Soit, qu'il vienne donc lui chercher querelle...

- Est ce que ça va mieux ?

La jeune femme leva les yeux pour croiser le regard bleuté de son partenaire. Non, ça n'allait pas. C'était pire. Sa nièce et son oncle étaient sous la menace directe d'un homme dont le sang aurait pu geler celui d'un reptile. Et Lin venait de joyeusement passer le seuil d'une maison qui pouvait devenir son tombeau. Lin qui n'était pas tout à fait son homme mais qui l'avait allègrement déshabillée la veille.

- Cesse de me materner.

Un sourire amusé éclaira le visage du jeune homme. Voilà qui ressemblait bien plus à la Vamp qu'il connaissait. Ses traits étaient aussi impénétrables que de la porcelaine, il était quasiment impossible de déchiffrer les émotions de la jeune femme. Elle avait repris le contrôle.

- Tu connaissais cet homme ? Avec la barbe.

- Non. Mais je n'aime pas son petit air détaché.

Nouveau sourire. Vamp qui n'aime pas quelqu'un, c'était la normalité quotidienne. Le brun oublia le barbu le temps d'un second verre avant de quitter la taverne. La jeune femme s'obligea à le suivre. Une migraine de plus en plus intense gonflait entre ses tempes, conséquences des pensées erratiques qui se disputaient dans sa tête. Que faire pour assurer la sécurité d'Ania et de Nikolaï ? Comment ne pas attirer l'attention sur Lin ? Comment le protéger ? Pourquoi Nikolaï n'avait rien remarqué ? Pourquoi le regard indifférent du barbu alors qu'il l'avait parfaitement reconnue ?

Mais Vamp le savait, ces questions cachaient autre chose. La peur, la panique. Elle les sentaient s'installer vicieusement dans le creux de sa poitrine. La peau fine de sa nuque était glacée et les nerfs de ses doigts se contractaient par intervalles irréguliers. Elle avait peur. Peur qu'ils ne découvrent l'importance de Lin et qu'ils s'en servent contre elle. Il fallait à tout prix qu'elle ait une discussion avec le jeune barbu, puis elle s'éloignerait le plus possible de lui pour brouiller les pistes. C'était le mieux qu'elle pouvait faire, le temps de trouver une vraie solution pour s'extirper de la fange dans laquelle elle s'était enfoncée en acceptant ce travail. Mais une petite voix lui susurrait qu'elle n'arrivait même pas à protéger une petite fille, comment pouvait-elle espérer mettre Lin en sécurité ?

La pluie fine enveloppa son visage comme une caresse de velours fraîche, la ramenant à l'instant présent. Il fallait qu'elle se concentre sur son travail. Elle ne pouvait se permettre un nouveau faux pas, trop de choses dépendaient de sa conduite. Le vieil homme avait réussi, il l'avait muselée.

Le regard de Vamp s'assombrit. Elle s'obligea à canaliser ses sentiments, repoussant violemment et impitoyablement Lin, Ania, Nikolaï, le vieil homme, tout, dans un endroit sombre de sa tête pour laisser sa concentration habituelle la dominer. Elle rouvrirait la porte après son travail...

***

La chaleur de la maisonnée enveloppa le visage de Vamp d'un réconfort qu'elle n'aurait cédé pour rien au monde. Elle referma la porte et retira son manteau désagréablement humide. Une nouvelle fois, l'odeur de cuir et de soupe lui taquina les narines, lui arrachant un début de sourire. Elle retira soigneusement ses bottes avant de traverser la cuisine silencieuse. Trop silencieuse. Le bruit de ses pas étouffés par les épais tapis aux couleurs de chez eux, elle monta l'escalier de bois qui menait à l'unique pièce du deuxième étage.

Petite, la pièce était un cocon de tiédeur qu'alimentait la chaleur de la cuisine se trouvant juste au dessous. La seule fenêtre de la chambre était occultée par d'épais rideaux de différents morceaux de tissus colorés, puzzle de couleurs ternes à la lumière de la nuit. Dans un coin, un lit d'enfant et son oncle qui veillait. Vamp inspira profondément, s'obligeant à se tenir prête, et s'avança pour faire face à la malade.

Ania dormait. Le front moite, sa bouche entrouverte et les cheveux humides de fièvre. La jeune femme déglutit, faisant un effort sur elle-même pour ne pas détourner les talons et s'enfuir lâchement en courant. Les lèvres de la petite étaient gercées et un souffle lourd s'en échappait régulièrement. Le visage de Vamp se froissa face à sa propre impuissance. Si les choses ne s'arrangeaient pas, son employeur n'aurait même pas à lever le petit doigt pour effacer cette vie.

La main puissante de son oncle effleura sa paume, l'arrachant à sa morbide contemplation. Les deux paires d'yeux noirs se croisèrent, jouant un jeu de question et de réponse muettes que le sourire de Vamp acheva. Son oncle se rembrunit. Rien n'était plus inquiétant que le sourire de Vamp.

La jeune femme s'agenouilla au bord du lit pour enfouir son visage frais dans le cou brûlant de sa nièce. Elle sentait la maladie et l'épuisement. Vamp se concentra sur les pulsations de son cou d'enfant contre son front, les comptant, s'y accrochant désespérément. Elle avait besoin de Lin contre son dos. La jeune brune ne bougea pas durant de longues minutes, le dos douloureux, les mèches noires et blanches s'épousant tendrement.

Valachis, trois ans plus tôt.

Ahurie, elle n'y croit pas plus que la miniature qui lui fait face. Le salon sombre et moisi de la maison familiale et deux descendantes qui se font face. Des iris qui se reconnaissent, les doigts fins de la petite qui promet d'avoir des jambes aussi élancées que son aînée et une peau qui ne trompe personne. Elles se font face, sans un tressaillement, sans un sourire, rigides.

- Qui t'es ? T'as pas le droit d'être là. C'est chez moi.

- Je suis Vamp.

- Vamp ? Je connais pas. Va-t-en.

- Non.

- Si tu approches, je te tue.

- Vraiment ? Je suis curieuse de voir ça.

- En plus, tu es moche.

- Moche ? Moi ? Je pense qu'un léger détail t'a échappé là...

- T'es méchante.

- Très.

- Il y a plein de monde à l'étage. Si je crie, ils vont venir me sauver.

- Crier ? Et depuis quand crie-t-on à l'aide dans la famille... ?

Vamp releva la tête. Elle était en plein cauchemar. Les choses allaient forcément s'arranger. Forcément. Mais la jeune femme savait aussi qu'elle était loin de vivre dans les contes qu'elle racontait à Ania avant d'aller au lit. Nerveuse et exténuée par la peur, elle se laissa prendre dans les bras de son oncle qui la berça doucement contre lui en écartant les mèches sombres de son front blanc.

***

Elle marchait d'un pas précipité, s'écartant même du passage des rares ivrognes qui pullulaient encore à cette heure tardive, préférant s'écarter que de perdre du temps à forcer le passage. Cela faisait de longues heures déjà qu'elle avait quitté la maisonnée. Incertaine sur la marche à suivre, elle s'était pour la première fois mêlée à ses « collègues », cherchant à en apprendre plus sur Lin. Personne ne l'approcha, personne ne lui posa la moindre question. Sa réputation avait été de notoriété publique bien avant son apparition. Elle eut toute la liberté d'écouter... et d'avoir plus peur encore.

Elle arriva devant la porte de chez Lin dans un état pitoyable. Ses bottes et une partie de ses braies étaient couvertes de boue et la pluie fine collait les pointes de ses mèches les unes aux autres. Vamp ne prit pas la peine de frapper.

La porte s'ouvrit sur la plus totale des obscurités. Prudente, la jeune brune s'avança d'un pas, juste assez pour être protégée de la pluie. Elle avait foncé tête baissée chez Lin, à la fois paniquée et sûre d'elle. Mais maintenant qu'elle se retrouvait dans la maison du jeune homme, elle comprit qu'elle n'avait pas la moindre idée de ce qui allait ressortir de cette conversation. Elle était têtue, mais Lin ne l'était pas moins. Jamais il ne se laisserait faire, jamais il n'accepterait sa demande. Et puis elle n'était plus sa compagne.

Son regard sonda l'obscurité de la pièce principale, devinant la forme de l'escalier sans la percevoir réellement. Tout était immobile mais Vamp ne se résignait pas à entrer.

- Lin ?

Mais seul son souffle court lui répondit. Une pointe de déception pinça son cœur. Au fond d'elle, elle avait espéré surprendre le jeune homme affalé devant le foyer, le voir hausser les sourcils et la regarder avec interrogation. La regarder avec ses yeux noisettes. Puis lui retirer sa chemise et abuser d'elle encore et encore.

Vamp papillonna des paupières avant de se redresser légèrement, comme pour chasser la ténacité de ses pensées. Ce n'était vraiment pas le moment. Elle finit par refermer la porte derrière elle avant de rester de longues minutes, plantée en plein milieu de la pièce. Même si c'était le lieu de vie de Lin, ou justement à cause de cela, elle n'osait se mettre trop à son aise. Elle allait gentiment patienter sans bouger jusqu'au retour du jeune homme. Patienter. Non, ce n'était pas vraiment la qualité principale de Vamp.

À tâtons, elle parvint à allumer une chandelle qui projeta bientôt des ombres mouvantes dans toute la pièce. Ce n'était pas des plus chaleureux mais c'était toujours mieux que l'obscurité. Elle resta encore une petite dizaine de minutes à « patienter » avant de se lever de la chaise sur laquelle elle s'était assise. La jeune brune arpenta machinalement la pièce, son long manteau gouttant sur le parquet et le tapis. Ses pensées s'égaraient, un peu plus calmes et ordonnées qu'en début de journée. Mais une seule revenait sans cesse et s'accrochait à l'escalier de bois.

Vamp était curieuse. Profondément et sincèrement curieuse. Elle pouvait rester des heures et des heures sans bouger pour pouvoir être témoin de la suite d'un quelconque événement. Et Vamp n'était jamais montée à l'étage...

La jeune brune jeta un regard à la porte d'entrée, comme si Lin s'y cachait derrière en attendant qu'elle fasse le moindre faux-pas pour la surprendre. Elle pouvait peut être juste y jeter un œil et redescendre aussitôt. Cela faisait -au moins!- une heure entière qu'elle l'attendait, il n'allait pas apparaître dans les dix prochaines minutes, n'est ce pas ?

La chandelle à la main, la jeune femme n'avait pas fini d'argumenter avec elle-même que ses pieds grimpaient prudemment les marches moisies. Elle poussa la première des deux portes par instinct, les battements de son cœur s'accélérant sous l'excitation et la curiosité. Vamp s'approcha de la commode pour y poser la chandelle. La lumière de la flamme éclaira furtivement l'ombre d'une poutre et la forme d'un lit. Ses yeux sombres glissèrent le long des murs, attentifs au moindre détail alors que ses doigts venaient effleurer le bois de la commode. Lentement, savourant le fait d'être enveloppée dans l'intimité de Lin, elle s'avança de quelques pas jusqu'à la couche du jeune homme. Ses doigts timides glissèrent sur les draps avant de s'y enfoncer tendrement. Elle ne résista pas. Dos à la porte, la lumière de la chandelle projetant sa propre ombre sur le mur qui lui faisait face, Vamp prit l'oreiller du jeune homme dans ses bras et y glissa son nez, le serrant jalousement contre son buste avec une possessivité de lionne.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeMer 29 Oct - 16:42

Le léger crachin qui embrumait la ville avait fini par tremper le sol qui luisait sous la couche d'eau qui le recouvrait. Les pas de Lin faisaient monter des sonorités mouillées le long des murs rapprochés de la ruelle qui menait à chez lui et le jeune homme grimaçait de sentir le tissu de ses vêtements coller à sa peau. Il avait marché sans faire attention à la bruine qui infiltrait lentement les fibres de sa chemise et de ses braies, n'en ressentant qu'une légère caresse humide au niveau de ses avants-bras nus, ses manches retroussées à mi-hauteur. La chaleur de la taverne où il s'était réfugié en attendant que le temps passe avait enveloppé son corps d'une chape thermique qui s'était dissoute petit à petit, suffisamment lentement pour qu'il n'en prenne pas conscience. Arrivé à la hauteur de sa porte d'entrée, il était véritablement mouillé.

Il grogna alors qu'il ouvrait le battant d'un mouvement sec, le lin blanc de sa chemise ne cachant plus grand-chose de ses pectoraux alors qu'il s'enfonçait dans le noir de sa pièce principale. Ses braies s'étaient assombries par l'eau qu'elles contenaient et ses cheveux gouttaient par intermittence le long de sa nuque, lui arrachant des frissons d'inconfort.


Quel temps de merde …

Il vida ses poches sur la table par réflexe, laissant tomber quelques papiers et un bout de charbon sur le plan boisé. Les objets plus lourds restèrent au fond du tissu sans encombrer les mouvements du jeune homme qui s'ébouriffait les cheveux d'une main lasse. Il fallait qu'il se change. Il aurait voulu s'affaler sur son canapé sans se poser de questions mais il était encore retardé par la météo qui lui gelait l'épiderme.

Dans un soupir agacé, il entreprit de défaire le lien de sa chemise, seule la faible lumière plongeant de l'unique fenêtre du mur lui donnant la clarté nécessaire pour aviser le noeud. Ses ongles desserrèrent le cuir agilement et il releva les yeux sur la pénombre nocturne qui baignait son intérieur alors que ses doigts dénouaient le fil tendu.

C'était lugubre. Le silence régnait sur l'endroit et la lumière blafarde qui perçait le carreau éclairait à peine jusqu'à ses pieds. L'ombre de son canapé défoncé accentuait la sensation morne et l'absence de feu dans la cheminée se faisait le relai de la froideur ambiante.

Lin retint un nouveau soupir et se défit de ses bottes en même temps que de sa chemise avant de s'avancer vers le milieu de la pièce, décidé à éclairer l'âtre. Il était seul comme souvent depuis un peu plus d'un an et il n'avait jamais pris le temps de faire attention à là où il posait sa carcasse le soir. Pourtant, ce soir-là, il eut envie de réchauffer l'atmosphère et de se coucher sous une lumière chaleureuse. Quitte à perdre du temps, autant le faire pour de bon.

Mais il s'arrêta net alors qu'il atteignait le milieu du tapis qui couvrait en partie le sol de la pièce. Ses pieds nus venaient d'entrer en contact avec un liquide. Rien de poisseux. Fluide. Et froid. Assurément de l'eau. Il tourna machinalement la tête vers la porte d'entrée, comme si le chemin qu'il venait de faire pourrait lui expliquer comment cette eau s'était retrouvée là. Il n'était pas encore venu jusqu'ici et sa chemise humide reposait sur le dossier de la chaise, à quelques pas derrière lui. Ses cheveux ne gouttaient plus depuis qu'il les avait fermement ébouriffés et ses braies humides retenaient l'eau au sein des fibres sans la laisser s'écouler. Cette eau ne provenait pas de lui.

Son sang ne fit qu'un tour alors qu'il relevait la tête vers le plafond, plancher de l'étage supérieur. Il n'était pas seul. Il déglutit avec calme, son coeur accélérant malgré lui, préparant son corps à réagir. Quelqu'un s'était introduit chez lui et était visiblement monté à l'étage, la pièce étant vide en bas des escaliers.

Un craquement de plancher éveilla ses oreilles alors qu'il étouffait un juron dans un chuchotis agacé. Il était pieds et torse nus, sans la moindre capacité de défense. Si celui qui était là-haut descendait, il n'aurait que peu de recours. Lin força son esprit à ne pas s'emballer et il tâta le fond de ses poches. Au moins était-il armé. Ses yeux fouillèrent la pénombre et un léger rictus agita le coin de ses lèvres alors qu'il décelait les tâches d'eau qui parsemaient les premières marches de l'escalier. C'était désormais sûr, quelqu'un était au-dessus.

Il décida de ne pas attendre plus longtemps et se glissa jusqu'à la rampe dans un silence absolu. On lui avait toujours dit que la meilleure défense était l'attaque. Une occasion de plus de le vérifier. Il grimpa les marches avec souplesse, sachant pertinemment quelles zones craquaient et quelles zones ne craquaient pas. En quelques secondes, il s'était hissé jusqu'au palier et son visage s'était figé dans une expression de concentration intense.

De la lumière filtrait par la porte entrebâillée de sa chambre mais le silence régnait. La personne présente ne semblait pas fouiller ses affaires. Elle devait être immobile. En train d'examiner un objet. Ou la porte. La gorge de Lin s'assécha en y pensant. Evidemment. L'autre avait dû percevoir un craquement qui lui avait échappé et il s'était arrêté net, face à la porte, prêt à le charger quand il entrerait. Ou pire. Derrière la porte, prêt à l'égorger quand il s'y aventurerait.

Le cerveau du jeune homme calculait à toute vitesse les possibilités qui étaient offertes à lui et ses tempes battaient du sang qui les fouettait à intervalles réguliers. Le plus important était de garder son calme. La porte était à moitié ouverte, il avait un angle de vision plus large que son adversaire.

Sans plus tarder, il s'approcha de l'embrasure du battant de bois et scruta l'intérieur dans le silence le plus absolu. La chandelle qui se consumait sur la commode éclairait l'intérieur d'un halo jaunâtre qui distordait les ombres et Lin dut plisser les yeux pour déceler la silhouette qui stagnait sur son lit. Il en voyait le dos. Après quelques secondes d'attention plus poussée, il en était sûr. Son adversaire était de dos. Un mince sourire de prédateur éclaira le visage du barbu alors qu'il se glissait à l'intérieur de la chambre, une main plongée au fond de sa poche.

Il en sortit des doigts armés par une étoile de combat au métal aiguisé qui luisit dans la lumière de la flamme. Précis, il la lança vers la silhouette inconnue sans intention de la toucher. L'arme se ficha dans le matelas avec un bruit sourd, passées à quelques millimètres seulement de la jugulaire de l'intrus. La voix de Lin s'éleva alors dans un avertissement similaire au jet de la petite roue dentée.


La prochaine, c'est pour votre nuque. Relevez-vous lentement en m'exposant vos mains bien ouvertes.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeJeu 30 Oct - 12:04

Naturellement, Vamp sursauta. Elle n'avait entendu ni la porte d'entrée s'ouvrir ni les marches de l'escalier craquer. Non pas parce qu'elle fut amoureusement aveuglée par l'oreiller qu'elle tenait contre sa poitrine, mais parce que son inconscient reconnaissait la chambre de Lin comme un lieu où rien ne pourrait lui arriver, endormant son instinct et toute méfiance avec.

Elle sursauta donc, lâchant l'oreiller qui retomba sur la couche dans un bruit sourd, avant de se figer dans la plus parfaite des immobilités. Elle avait reconnu la voix du jeune homme et ses yeux l'arme qui venait de se planter dans le matelas. Son premier sentiment fut l'irritation. Pour un homme qui s'était si généreusement approprié son corps en taverne, il semblait incapable de reconnaître sa silhouette. Les hommes...

Parfaitement consciente de l'irritabilité de Lin dans ce genre de situation, la jeune femme leva prudemment les mains. Des mains blanches. Si le jeune homme ne la reconnaissait pas dans la seconde, il allait réellement passer un sale quart d'heure. Et puis on attaque pas les gens dans le dos. C'était d'une impolitesse de rustre.

Sans attendre une quelconque permission, Vamp se retourna avec lenteur pour faire face à son agresseur. La première chose qu'elle vit fut le visage de Lin, le profil délicatement éclairé par la lumière chaude de la flamme vacillante. Lin et le reste de la pièce. Sa chambre. Où elle n'avait aucune raison de se trouver.

Lentement, un rouge délicat s'étala sur les pommettes blanches. Elle n'avait rien à faire là et venait d'être prise sur le fait, comme lorsque son père l'avait surprise à fouiller dans la réserve des cuisines. Que Lin puisse penser une seule seconde qu'elle fouinait dans ses affaires acheva de faire disparaître le peu de sang froid qu'il lui restait.

Vamp bégaya. Magistralement.

- Je... je... tu...

Sa voix n'avait plus aucune hauteur ni contrôle. Son regard fuyant s'arrêta sur les pieds nus du jeune barbu sans oser une seule fois remonter pour croiser son regard.

- Ce n'est pas ce que tu crois, en fait je -enfin non, ce n'est pas exact, car je ne sais pas ce que tu crois puisque tu n'as encore rien dit- mais je t'assure, pour de vrai, que je ne fouillais pas, promis, je suis venue parce que je devais absolument te parler, et te voir aussi, mais surtout te parler parce que -enfin non, je voulais aussi te voir parce que je trouve que tu es vraiment séduis... -enfin non, ce n'est pas le propos, donc j'ai couru pour venir te parler et j'suis entrée, mais j'ai frappé à la porte, et comme tu répondais pas -non, c'est un mensonge, j'ai pas frappé, j'suis entrée directement, mais comme il pleuvait, je pensais pas rester dehors et donc...

Jamais elle n'avait utilisé si peu de ponctuation dans ses phrases. Les paroles s'échappaient de ses lèvres, incertaines et maladroites, cherchant désespérément à prouver leur véracité. Plantée là, paniquée et immobile, elle ressemblait à une petite fille qui tente de justifier une grosse bêtise.

- … et puis tout d'un coup ! j'ai entendu un bruit suspect à l'étage alors j'me suis dit tu vois que tu avais peut être mal refermé la fenêtre et comme il pleut -non, ça aussi c'est un mensonge, y a pas eu d'bruit, pour de vrai j'avais terriblement envie d'voir ta chambre et...

Elle ressemblait presque à Ania, mais en plus paniquée, insistant sur des détails dont Lin aurait pu aisément se passer et dévoilant une vérité qu'elle aurait pu intelligemment oublier de dire. Elle était sincèrement désolée et ses yeux se levèrent enfin vers le jeune homme pour lui présenter ses excuses lorsque ses pupilles s'arrêtèrent avec un intérêt nouveau sur son corps.

- Et finalement, je... je... hm.

Le corps de Lin. A moitié nu, sous ses yeux, éclairé par une lumière insolente qui l'invitait à se faire pardonner autrement qu'avec des balbutiements et des excuses. Vamp se tut, les lèvres entrouvertes, immobile, les mains encore en l'air devant elle. Seuls ses yeux bougeaient et ils ne perdaient pas une miette de ce qu'il y avait devant elle.

Le corps de Lin. Humide. Délicieusement humide. Sans une once de gêne ou de pudeur, ses yeux sombres caressèrent les pectoraux du jeune homme, y allumant dans le fond de ses pupilles une étincelle de langueur dont elle n'eut pas conscience. Elle les laissa s'égarer plus bas, le long des côtes. Vamp était tétanisée, incapable du moindre geste comme de la moindre parole, tétanisée par un désir qu'elle ne chercha même pas à museler ou à cacher. Les braies du jeune homme n'arrêtèrent pas son regard qui devenait indécent, imaginant à la perfection ce qu'elles cachaient.

- Hm. Tu es... C'est... vraiment très... très...

Un soupir lui échappa avant qu'elle ne le transforme maladroitement en raclement de gorge.

- Tu... Tu es... mouillé.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeVen 31 Oct - 16:36

Deux tâches blanches éclairées par la lumière tremblotante de la chandelle suffirent à Lin pour relâcher la tension de ses phalanges sur l'étoile de combat qu'il tenait encore serrée entre ses doigts. Si la silhouette enveloppée dans ce long manteau noir n'avait rien de particulièrement distinctif, ces deux mains à la couleur blafarde levaient le masque sur l'identité de l'intrus, qui n'était autre qu'une intruse. Le barbu poussa un léger soupir sans que l'on puisse déterminer s'il s'agissait de soulagement ou d'agacement.

Ce n'était que Vamp. Pas un de ces hommes qu'il avait vu oeuvrer sur ses rues depuis un bon mois. Pas un de ces chiens à la botte du patron charismatique qu'il avait rencontré plus tôt. L'esprit du jeune homme tiqua pourtant, attirant son attention sur un point que le visage de la jeune femme avait tendance à occulter. Elle était sortie de ce bâtiment. Accompagnée par ce détestable brun, mais aussi par un second homme, archétype de ces chiens-là. En toute vraisemblance, elle faisait partie de cette organisation. Ce n'était "que" Vamp.

Le regard que Lin reporta alors sur la jeune femme était teinté d'une fixité perçante, comme s'il cherchait à la sonder. Il ne ressentait aucun danger à sa présence dans ses murs mais son instinct lui semblait anesthésié par l'affection qu'il éprouvait envers elle. C'était incontrôlable. Il ne parvenait pas à la craindre, ni à lui imaginer quelconque velléités de complot contre lui. Il ne savait pas vraiment s'il était faible par la chair ou par le coeur mais il dut se secouer pour ne pas relâcher son attention alors qu'elle desserrait les lèvres.

Ses épaules s'agitèrent au rythme de ses pieds qui se soulevaient du sol dans un sautillement d'échauffement alors qu'elle prenait la parole. Rester concentré et démêler ce qu'elle allait raconter pour faire la part des choses entre le vrai et l'embobinage. Mais il s'interrompit bien plus tôt qu'il ne l'aurait cru. Au lieu du ton assuré qu'il pensait entendre soutenir ses paroles, ses tympans n'eurent droit qu'à un bégaiement maladroit et des explications friables qui n'essayaient même pas de faire croire qu'elles tenaient la route.

La surprise de Lin n'eut d'égal que la rapidité de la fonte de sa méfiance. Elle bégayait. La maîtrise qu'elle exposait en toute circonstance était absente de ses paroles et le calme froid qu'elle arborait au quotidien ne semblait pas plus présent. Elle n'essayait pas de le faire marcher ou de l'amadouer. Elle n'était pas en train de fouiller chez lui. Elle avait réellement était prise en flagrant délit. De quoi, il n'en avait pas la moindre idée, mais son attitude le hurlait.

Le sourire qui fendit le visage du jeune homme à cette prise de conscience était aussi sincère qu'inattendu. C'était Vamp.

J'avais fini par croire que tu avais appris à aligner trois mots convenablement.

Il se passa une main sur la nuque dans un geste réflexe, abaissant la tension de ses épaules. Ce n'est qu'en relevant les yeux qu'il intercepta le regard de la jeune brune, chargé de sens. Ses lèvres s'entrouvrirent de surprise avant de se muer en un irrépressible sourire d'amusement, baissant les yeux sur lui-même. Il n'y pensait plus mais c'était un fait. Il était mouillé. Et à moitié nu.

Il secoua légèrement la tête, comme pour se débarrasser d'une idée tenace et replongea l'étoile de jet dans sa poche. La femme qu'il avait en face de lui n'était pas une menace. Au contraire. Ses iris scrutèrent un instant le visage blanc qui restait tourné vers lui sans aucune pudeur, s'imprégnant de ce qu'ils y lisaient. Il le savait, ses sens étaient déjà aiguisés et il n'aurait qu'à les laisser s'exprimer pour que son corps s'empare de celui, blanc, qui le narguait à juste quelques pas de lui. Il avait senti son sang s'échauffer dans ses veines et ses muscles se tendre à l'instant où l'idée lui avait effleuré l'esprit. Ce serait beaucoup plus simple de régler la question de sa présence ainsi. Une fois sous ses draps, elle n'aurait plus besoin d'aucun alibi.

Il secoua la tête à nouveau et étira ses bras au-dessus de sa tête pour dévier l'énergie nouvelle qui coulait dans ses membres. Il allait entrer dans un monde qui n'était pas le sien et Vamp s'y trouvait. Ca n'était pas normal. Il fallait qu'il comprenne ce qu'elle y faisait pour déterminer comment se comporter avec elle.

Mais elle avait bégayé. Lamentablement buté sur chaque phrase. Adorablement hésité sur la suite de chacune. Visiblement, rien n'était calculé. Elle n'était pas en mission ici. Pourquoi se priver de ce souffle qui se révélait bien plus habile contre sa gorge qu'en paroles ? Et ces mains qu'elle avait levées avec toute l'innocence du monde, pourquoi ne pas les laisser s'approprier son torse ? Il n'y aurait aucun mal à la prendre contre lui pour faire taire ses bégaiements.

Les pieds du jeune homme se détachèrent du sol plus sûrement que s'il l'avait décidé et l'amenèrent en quelques pas au contact de la jeune brune, à à peine quelques millimètres en face d'elle. Sa gorge sentait son souffle. Ses mains glissèrent sous les pans de l'épais manteau noir pour s'approprier ses hanches, ses doigts s'immiscèrent sous le tissu blanc pour se faufiler contre la peau blanche et ses bras se contractèrent d'un commun accord pour lui faire franchir l'infime distance qui la séparait de lui. Pour l'amener contre lui. Tout contre lui.

Il baissa légèrement le regard pour le poser sur le sien et esquissa un sourire qui trahissait sa satisfaction de l'avoir entre ses bras. Teinté d'une pointe de raillerie.


Apparemment, c'était une fausse alerte.

Sans plus se soucier de ce qu'il avait vu plus tôt dans la journée, il se pencha vers elle pour venir prendre ses lèvres sans attendre de permission, ses bras resserrés autour de sa taille. La journée l'avait assommé de contraintes et de retenues, il voulait enfin relâcher la pression.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeDim 2 Nov - 14:10

Le sourire qui se dessina sur le visage de Lin chassa la tension des épaules blanches.

L'est pas en colère, c'est bon. Décompresse.

Beaucoup plus détendue, elle savoura encore les quelques secondes que lui accordait le jeune homme pour déguster du regard chaque courbe de son torse avec une application de gourmet. Seul le mouvement de son corps l'arracha à sa contemplation hypnotique. Elle en aurait grogné de protestation si Lin n'avait pas bougé pour mieux s'approcher d'elle.

La jeune brune eut tout juste le temps de lui lancer un regard interrogateur avant de se retrouver contre son torse. La sensation qui gonfla en elle était inexplicable. Les doigts de Lin n'avaient aucune convoitise et son corps ne réclamait pas avidement le sien. Il était doux, tendre et un brin possessif. Comme un homme amoureux...

Toute frissonnante, un irrépressible sourire éclaira son visage avant que les lèvres du jeune barbu ne viennent recouvrir les siennes. Le corps de la jeune femme s’alanguit, perdant de sa rigidité coutumière pour venir s'appuyer contre le buste de Lin. Ses paumes blanches recouvraient sagement ce torse, s'imprégnant de la chaleur qu'il dégageait et des battements de cœur qu'elles pouvaient sentir au travers du tissu.

Gentil, tendre et railleur. C'était Lin. C'était bien son homme. Ronronnant de plaisir, la jeune brune passa ses bras autour de sa taille, devenue toute câline, pendant que son nez retrouvait sa place, contre la barbe du jeune homme.

- Moque-toi... Mais ce n'est pas moi qui arbore un sourire stupide d'amoureux transi à cause de ces mêmes balbutiements.

Amoureux, elle n'en doutait pas une seule seconde. Vamp lui vola un baiser fondant avant qu'il ne réponde, retrouvant ses petites habitudes aussi facilement que s'ils n'avaient pas été séparés depuis un mois. C'était un délicieux moment de calme et d'intimité, un moment qu'ils n'avaient pas eu depuis très longtemps. La présence de Lin l'apaisait et la libérait d'une oppression étouffante, comme un corset que l'on dénoue en fin de journée et que l'on inspire à plein poumons.

Chaudement pelotonnée, elle s'enveloppait avec délice de l'odeur de Lin. Elle se resserra contre lui par réflexe. Elle adorait avoir son odeur sur elle, sur ses vêtements et dans ses cheveux. Sentir Lin, c'était retrouver officiellement leur relation, c'était montrer aux yeux des gens qu'il était son mâle, à elle. C'était primaire, mais Vamp s'en moquait royalement. Elle voulait retrouver sa vie de couple. Elle voulait retrouver Lin et elle voulait le sentir se glisser dans le lit, tard le soir. Il était grand temps de faire la paix...

Elle se dégagea doucement de ses bras pour le regarder dans les yeux. Ses doigts tapotaient nerveusement la peau tendue de son torse. Il aurait été tellement plus simple de lui faire l'amour toute la nuit... Tout aurait été dit et pas besoin de mots à formuler.

Non. Tu es adulte. Agis comme tel.

Vamp s'obligea à lever les yeux pour croiser ceux du jeune barbu.

- Hm. Écoute, je... J'ai bien réfléchi. Enfin non, pas tant que ça, mais passons. J'aimerai bien que... que...

Qu'ils continuent leur vie ensemble ? Aux yeux de tous ? Vamp cligna des paupières alors que la raison première de sa présence ici se rappelait douloureusement à elle. Une étincelle s'alluma dans le regard sombre, étincelle qui n'avait rien de la passion ou de la bienveillance. Aussi rapidement que cette étincelle s'était allumée dans son regard, le corps de Vamp retrouva toute sa hauteur et sa rigidité.

- ... que tu me dises ce que tu foutais chez Valentin aujourd'hui. Non mais à quoi tu joues ?! Ce type est dangereux Lin, je t'interdis de retourner le voir. Et n'essaie même pas de discuter, je ne plaisante pas.

Ses doigts s'étaient contractés sur le torse du jeune homme. Elle ne le touchait plus par tendresse mais comme pour l'empêcher de repartir et le faire accepter ses paroles. Vamp lui faisait face avec une autorité qu'elle ne se serait jamais permise si la peur de le perdre n'occultait pas en elle tout raisonnement. Retrouver cet infime moment de tendresse dans ses bras lui rappelait trop intensément ce qu'elle risquait de perdre si Lin venait à travailler pour le vieil homme. Elle en oubliait qu'on ne donne pas d'ordre au barbu et qu'il ne se laisserait jamais parlé sur ce ton.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeMar 4 Nov - 7:14

La petite lumière agaçante qu'il vit s'allumer dans les yeux de la brune suffit à souffler l'apaisement qui commençait à l'envahir depuis qu'il la tenait si étroitement contre son torse. Il n'avait pas eu droit à sa douceur plus d'une minute et l'idée de devoir la relâcher ne lui plaisait pas. Il avait envie de lui fermer les paupières pour ne pas voir qu'elle venait de songer à quelque chose de dérangeant, comme on s'enroule dans sa couette un matin d'hiver alors que le coq a déjà chanté le début de la journée. Il voulait repousser ce moment juste un peu pour se laisser envelopper d'une douce chaleur encore un petit instant. Mais c'était sans compter sur la détermination de Vamp.

A peine avait-elle desserré les lèvres que le regard de Lin se durcit, évacuant toute tendresse. Il n'aimait pas le ton qu'elle employait. Les doigts de la brune se crispèrent sur son torse mais il le sentit à peine. Il s'était rigidifié quasi-instantanément alors qu'elle proférait une interdiction et un rictus déforma le coin de ses lèvres. Il n'aimait pas du tout le ton qu'elle employait.


Depuis quand me donnes-tu des ordres ?

Ses mains quittèrent la chaleur douillette de sa chemise alors que ses bras se desserraient, laissant retomber le manteau sur les hanches de la jeune femme. En aussi peu de temps qu'il lui avait fallu pour s'approcher d'elle, il recula de quelques pas, tout sourire éteint sur son visage. Son regard scrutait Vamp comme pour essayer de déceler une nuance de plaisanterie sur ses traits, refusant de croire qu'elle venait de lui ordonner quelque chose. Mais il n'en trouva aucune trace.

Ses mâchoires se contractèrent par réflexe, faisant saillir ses masséters sous la peau tendue de ses joues désormais quasiment barbues. Elle ne plaisantait pas. Elle songeait réellement qu'elle allait lui dicter ce qu'il allait faire. Le ton qui fut le sien était péremptoire, il n'avait aucune intention de se laisser énoncer sa conduite.


Je ne discuterai pas. J'ai déjà décidé de ce que je ferai.

Il sentait monter en lui une sourde colère, relevant plus de l'injustice que de l'exaspération. La femme qui se tenait devant lui se permettait de lui donner des ordres alors qu'elle l'avait laissé livré à lui-même quelques temps auparavant. Elle se fichait alors pas mal de ce qu'il faisait, des décisions qu'il prenait. Cette même femme qui se targuait de ne recevoir d'ordres de personne elle-même et qui pensait qu'il allait en accepter. Elle-même qui se pliait aux ordres d'un patron. Patron qui n'était autre que celui qu'elle comptait lui interdire de servir.

Un grognement sourd s'éleva du poitrail de Lin alors que ses traits se figeaient. L'absurdité de la situation se mêlait à l'irritation de se voir conduire comme un enfant et faisait gonfler en lui une volonté de révolte particulièrement sèche. Il n'était pas un pion, il n'était pas un sous-fifre, il n'était pas malléable à tout-va.


Rappelle-moi juste une chose … D'où sortais-tu quand tu m'as croisé ? De l'exact endroit où j'ai rencontré ce dangereux Valentin.

Sa voix ne semblait plus laisser filtrer quoi que ce soit. Elle était posée, calme et dénuée de toute tonalité. Seule la froideur pointait le bout de son nez sous ses cordes vocales, la rigueur inébranlable.


Tu travailles pour lui. Quelque chose à dire pour ta défense peut-être ? Il n'est pas si dangereux que ça en fin de compte ? Ou alors tu te penses plus apte que moi à le gérer ?

Il se détourna lestement. Ses pieds nus effleuraient le sol à chacun de ses pas et ses dents crissaient chaque fois qu'il finissait une phrase. Plus ça allait, plus il se fermait à elle. Elle ne le considérait pas son égal. Elle lui interdisait de faire ce qu'il voulait. Elle le cantonnait au "fais ce que je dis pas ce que je fais". Elle l'infantilisait.

Il ne comprenait pas comment elle pouvait changer d'avis aussi vite. Dans cette taverne, elle l'avait plutôt considéré comme un homme. Et un homme capable, qui plus est. Et aujourd'hui, elle venait lui montrer le chemin à suivre ? Le restreindre ? Ce n'était pas supportable. Il était assez aguerri pour se débrouiller seul de ce genre de situation.


J'y retourne dans trois jours, je vais travailler pour ce type, que ça te plaise ou non.

Il lui montra la porte d'un bras ouvert, le visage désormais fermé.

Si tu avais à me parler pour ça, tu n'as rien à faire ici.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeMar 4 Nov - 16:30

C'est le terme « ordres » qui réveilla Vamp. Ce terme et le froid qui caressa ses hanches après que les mains de Lin aient libéré sa taille. Un mauvais pressentiment glaça sa poitrine. Elle voulait rattraper la distance des quelques pas que Lin venait d'imposer entre elle et lui. Elle voulait qu'il reprenne sa taille entre ses mains chaudes. La jeune brune tendit la main pour le retenir et le ramener contre elle.

- Lin, attends, je...

La main blanche s'arrêta à mi-chemin avant de retomber prudemment contre la hanche de la jeune femme. Le regard que lui lançait Lin suffisait à lui faire comprendre qu'il valait mieux ne pas le toucher. Prudente, elle recula elle-même d'un pas, assez pour sentir ses mollets buter contre la couche du jeune homme.

Sans un mot, elle baissa les yeux sous le courroux du jeune homme. Vamp avait été élevée à ignorer la peur, à l'étouffer et à passer outre. Elle avait toujours été très douée pour maîtriser ses émotions, le sang froid qui coulait dans ses veines de l'Est aidant à brider ces dernières. Mais elle avait compris depuis bien longtemps qu'il est facile de rester calme lorsque l'on n'a rien à perdre. La mort de Lin hantait ses cauchemars. C'était plus qu'une phobie pour la jeune brune, c'était une panique viscérale qui s'entortillait autour de ses intestins et y plantait ses griffes. Elle la sentait être absorbée par sa moelle épinière et geler tout son dos, de la nuque jusqu'au creux des reins.

Non, Vamp ne savait pas gérer sa peur quand il s'agissait de Lin. Elle ne l'avait jamais pu, ce n'était pas ce soir là, où elle savait ce qui attendait le jeune homme, qu'elle y arriverait. Et il ne fallait pas être un maître pour savoir que Vamp n'était pas douée avec les mots. Ses paroles péremptoires n'avaient été que la matérialisation de sa peur. Mais elle se devait de les assumer.

Elle encaissa tout. Sans un mot, sans un tressaillement. Seuls ses ongles s'attaquèrent à la peau fine de son avant-bras. Ils grattèrent la peau blanche comme on gratte la neige incrustée entre les pavés d'un chemin. La première goutte de sang avait perlé lorsque le jeune homme se tut. Vamp n'était plus que l'ombre d'elle-même depuis longtemps.

Ce ne fut pas les paroles de Lin qui l'anéantirent mais ce qui s'y cachait. Elle le sentait se refermer, se claustrer et la repousser loin de son cœur et de son âme. Ce fut fatal pour Vamp. Vidée, ses bras retombèrent mollement le long de son corps qui ne se tenait droit que grâce à la magie de la gravité. Son regard, d'ordinaire si expressif, était tombé dans une opacité morbide.

Ses lèvres pâles finirent par s'entrouvrirent, laissant échapper un « je » enroué avant qu'elle ne puise dans ses dernières réserves de fierté pour se racler la gorge et prendre une voix un peu plus assurée.

- Je ne me suis jamais considérée comme t'étant supérieure. Jamais, pas une fois. Contrairement à ce que tu penses, je ne gère pas du tout Valentin, au contraire, il...

Vamp allait tout lui dire. Elle était à deux doigts de se libérer et de lui avouer qu'elle avait fait d'Ania un otage, que par sa stupidité, la vie innocente de la petite était en jeu. Valentin l'avait muselée, elle était devenue sa chienne par négligence, parce qu'elle s'était considérée invincible et inattaquable.

Mais sa justification mourut. Lin avait, en l'espace de quelques minutes, érigé des murs qu'elle n'avait pas le droit d'abattre, ni même ne serait ce que d'en effleurer la surface du bout des doigts. Sa phrase se noya donc dans un silence obscure.

- Je sais que tu y retournes dans trois jours. Mais tu ne travailleras pas pour lui. C'est pour ça que je suis ici. Pour te prévenir. Chacun de nous, je veux dire chacun de ses agents, a dû passer un test avant d'être accepté dans le cercle de Valentin. C'est un test défini pour chaque participant, individualisé en fonction des capacités de la personne. Valentin est quelqu'un de... très pointilleux. J'ai passé ce test. Mais le tien sera différent, car il te réserve une autre utilité.

La gorge de Vamp s'assécha. Elle voulait le supplier d'abandonner, de disparaître pendant un long mois et de la prendre dans ses bras en lui assurant qu'il allait obtempérer. Autant dire croire à Saint Nicolas.

- J'ai laissé traîner mes oreilles. La fosse t'est réservée. C'est un endroit, dans les souterrains d'une crypte sous une vieille église à l'entrée de la ville, je suis sûre que tu es déjà passé devant. Tu vas devoir combattre d'anciens postulants. Lin, je... Hm. Le but du test est de tenir le plus longtemps. Plus tu tiens et plus tu as une chance d'être accepté dans le cercle. À chaque fois que tu en vaincras un, un deuxième prendra sa place pour te combattre. Lin, tu ne comprends pas, dans chaque cas tu finiras terrassé. Le test ne s'arrêtera pas tant que tu ne seras pas inconscient et allongé sur le sol. Plus tu gagneras, moins tu auras de force et plus le prochain adversaire aura l'avantage. Et je regrette, mais je ne peux pas rester sagement sans rien faire pendant que tu te feras tabasser.

Vidée de ses forces, la jeune brune passa ses mains glacées sur son visage en fermant les yeux. L'invitation de Lin était claire, elle devait nettoyer les lieux de sa présence. Elle devait l'abandonner à cet instant alors que dans trois jours il se battrait non pas pour rester en vie, mais pour entrer au service d'un type que Vamp rêvait de charcuter de ses propres mains.

- Je... Tu... Hm. Je te présente mes excuses. J'ai juste peur pour toi.

Pas une fois son regard ne croisa celui du barbu. S'excuser et avouer ses craintes étaient une chose titanesque pour Vamp, lui demander de le faire en regardant Lin dans les yeux était trop pour elle. Ne voulant pas qu'il réitère son « invitation », la jeune femme s'avança pour passer devant lui et quitta la pièce. Elle descendit les escaliers dans l'obscurité avant de franchir la porte, sa silhouette s'évanouissant dans la nuit.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeDim 9 Nov - 11:41

Debout dans le froid d'une nuit naissante, Lin soufflait sur ses mains pour essayer de se réchauffer. Le frottement de ses paumes l'une contre l'autre s'élevait dans l'air frais en même temps que la vapeur d'eau expirée entre ses lèvres, rejoignant le vide dans une éphémère brume blanchâtre. La saison avançait et le temps se rafraîchissait. Le soir devenait de plus en plus sombre et l'air devenait de plus en plus tranchant. Il le savait pourtant. Mais il n'avait pas pu se résoudre à se présenter plus tôt devant cette vieille bâtisse qui ne lui inspirait qu'une confiance relative, au plus tard des trois jours de délai.

La porte s'ouvrit sur celui qui l'avait accompagné jusqu'ici la première fois. Le visage de l'homme était insondable et Lin ne s'en sentit que plus mal à l'aise. S'il entrait dans ses murs, il serait soumis à une épreuve qu'il n'avait jamais connue, sous des règles qu'il ignorait. Celui qui était en face de lui pourrait même se révéler être un de ses adversaires. Voire le plus meurtrier d'entre tous. Il pouvait aussi se trouver être celui qui distribuerait les armes aux autres en fonction des faiblesses qu'il décèlerait chez lui.

Par réflexe, il enfonça ses mains au fond de ses poches pour s'assurer que les étoiles en métal n'en avait pas bougé. Le contact du métal froid contre ses phalanges le rassura quelque peu. Il n'était pas sans défense. Ces petits objets aiguisés assuraient encore ses arrières. Il détendit ses coudes dans une position de nonchalance feinte et garda ses paumes au contact de ses armes alors qu'il forçait ses traits à ne rien exprimer qu'une plate moue de neutralité. Suite au signe de tête de l'homme, il s'avança jusqu'à la porte d'un pas lent qu'il faisait passer pour calme quand seul le manque d'entrain le motivait. Sur le seuil, il dut juguler l'envie qui s'immisça en lui de regarder par-dessus son épaule, comme pour se rassurer dans la vision hypothétique de Vamp derrière lui. Il aurait voulu qu'elle soit là, qu'elle le couve de son regard noir et que l'inflexibilité de ses pupilles le pousse en avant. C'était absurde, elle n'était pas là et il le savait. Son visage maintint le cap et il quitta la rue pour rejoindre un intérieur encore moins chaleureux que le sien.

L'obscurité de couloirs souterrains succéda bientôt à la clarté relative de l'entrée exiguë dans laquelle il était passé pour la seconde fois dans la même semaine. De simples torches accrochées aux murs permettaient d'y voir dans ce méandre de pierre grisâtres et de terre sombre. Leur espacement était cependant trop important pour que la lumière soit uniforme et certains passages étaient quasiment entièrement plongés dans le noir, obligeant le barbu à suivre son guide à la seule force de son ouïe. L'humidité qui collait la poussière au sol en début de parcours disparaissait à mesure qu'ils s'enfonçaient dans les entrailles de la terre et les particules poussiéreuses décollées par leur pas voletaient autour d'eux avec de plus en plus d'insistance, s'infiltraient dans leurs poumons et leurs yeux, leur rappelant que le milieu où ils étaient n'avait rien d'avenant. Plus il avançait, plus Lin sentait son coeur cogner dans son torse. Sa gorge s'asséchait mais il n'aurait su dire si c'était la poussière qui en était responsable ou l'indicible angoisse qui stagnait dans les tréfonds de son ventre.

Alors qu'ils tournaient à droite pour la énième fois, le jeune homme fut surpris de voir une clarté nouvelle lécher le sol terreux au bout du couloir tortueux. Une grille barrait l'accès au puits de lumière et Lin dut plisser les yeux pour tenter de déceler ce qui se cachait derrière le maillage noir de la ferraille. Ils étaient trop loin pour voir nettement ce que ce halo jaune baignait mais le barbu ne doutait pas qu'ils allaient s'en approcher. Ce devait être ce que Vamp avait décrit comme la fosse. Ils étaient assez profonds pour se trouver dans ce genre d'endroit et la présence de la grille incitait le jeune homme à y croire. Il avait entendu parler de ce genre de choses, dans un passé pas si lointain à leur propre civilisation. Il déglutit en songeant aux récits de tuerie qui accompagnaient la description de ces lieux.

L'autre le poussa à l'épaule pour attirer son attention, silencieux. Il ne desserra pas les lèvres pour lui ordonner de se séparer de sa chemise et de ses chausses, de simples gestes le lui faisant comprendre. Lin haussa les sourcils malgré lui. Le silence était visiblement de rigueur et il s'abstint donc de parler mais il ne comprenait pas pourquoi il devait se dévêtir. D'un signe de tête, il fit comprendre à son escorte qu'il ne le voulait pas. L'autre eut un rictus de désapprobation et réitéra son ordre muet. Au vu des circonstances, il ferait mieux d'obtempérer sans rechigner. Cet homme pouvait lui tailler la gorge et le laisser ici sans vergogne, personne ne le retrouverait jamais. Songeant à cette éventualité, le jeune homme retira sa chemise et ses chausses dans un même mouvement, son coeur tambourinant entre ses côtes. Sans couche de tissu par-dessus son épiderme, il se sentait vulnérable. Et être vulnérable n'était pas recommandé pour aller se battre. La salive qu'il voulut avaler ne descendit pas le long de son oesophage et il toussota pour essayer de se détendre. En vain.

Ils s'avancèrent alors vers la grille, le barbu un pas derrière son accompagnateur. Son attitude était devenue beaucoup plus instinctive et il laissait libre cours aux réflexes de ses sens, plus aguerris que son esprit, éreinté par l'anxiété. Il ne cessait d'essayer d'imaginer ce qui allait lui tomber dessus, sous quelle forme, sous quelle intensité, sous quel rythme et sous quelles règles. Il ne savait que ce que la jeune brune lui avait dit. "A chaque fois que tu en vaincras un, un deuxième prendra sa place pour te combattre." Ca ne s'arrêterait que quand il serait inconscient. Mais comment devait-il se battre ? Pour vaincre, devait-il les tuer ? Allait-on le tuer ?

La main qu'il sentit sur ses jambes le fit sursauter et il recula vivement alors que son poing s'élançait vers la figure de son escorte. Les phalanges frôlèrent la joue qui se déroba in extremis et le regard foudroyant de l'homme se ficha dans les yeux de Lin. Qu'est-ce que c'était encore que ça ? Il était tendu et dans une situation périlleuse. L'autre aurait dû se douter que le moindre contact le ferait réagir. Le barbu grogna à l'attention de son interlocuteur muet. Celui-ci lui montra ses poches et lui ordonna de les vider dans ses mains d'un signe de tête. Le sang de Lin ne fit qu'un tour. Se séparer de ses armes ? Il secoua lentement la tête. Sans elles, il était mis à nu, capable de se ferait trancher la gorge sans aucune possibilité de défense. Plus encore, elles avaient une histoire pour lui et il refusait qu'un inconnu les prenne.

L'autre n'était pas de cet avis et s'approcha d'un pas menaçant, visiblement déterminé à les lui prendre de force. Le jeune barbu contre-attaqua avant même d'y avoir pensé et il saisit son adversaire à la nuque d'une main comme un étau. Le souffle qu'il exhala à son oreille était on ne peut plus bas, quasi-inaudible.


Si je ne les retrouve pas en sortant de là, je saurais qui assassiner en représailles.

Il s'étonna en son for intérieur de l'assurance qu'il parvenait à dégager quand ses intestins n'en menaient pas large. La force de ses doigts, la hargne de son ton et l'arrogance de ses paroles lui arrachèrent un soubresaut d'espoir. Peut-être allait-il effectivement s'en sortir. Même sans arme. Mais l'espoir fut anéanti aussi vite qu'il était né. Les minces étoiles métalliques brillant dans la paume de son escorte lui rappelèrent qu'il n'avait rien. Seules ses mains et son torse exposé. Il allait se faire démanteler.

L'autre le plaça face à la grille et fit un signe vers il ne savait qui de l'autre côté. L'instant d'après, il avait disparu dans l'obscurité du couloir et Lin se retrouva seul. Un vent de panique souffla sur ses sens et sa respiration s'accéléra brusquement. Impossible de reculer. L'arène l'attendait.

De l'autre côté du fer se trouvait une immense fosse circulaire aux murs abruptes ornés de torches trop hautes pour être atteintes par ceux qui se trouveraient sur la terre battue de son sol irrégulier. La pierre grisâtre s'assombrissait à mesure qu'elle prenait de la hauteur et les derniers blocs, quasiment noirs, servaient de balustrade à un public que le jeune homme décelait à peine. Il entendait le brouhaha des voix qui résonnait dans l'immensité de la cavité souterraine mais ne parvenait qu'avec peine à discerner les visages. Le sol paraissait retenir les traces des précédents combats, certaines tâches à l'aspect douteux resserrant l'étau de l'angoisse sur les boyaux du jeune homme. A hauteur de hanche, la couleur de la pierre était inquiétante de clarté. Usée par les chocs, érodée par les peaux qu'elle avait dû écorcher. Un frisson remonta l'échine du barbu. Il n'avait jamais rien vécu de tel. Même avec Larson dans les pires méandres de sa descente aux enfers. Les combats n'avaient jamais lieu dans de tels endroits. Alors que son estomac se serrait, le jeune homme déglutit difficilement. Cet endroit sentait la mort.

Il dut forcer sur ses côtes pour les faire s'écarter alors qu'une profonde inspiration gonflait ses poumons d'un air vicié. Il avait peur mais il devait affronter cette épreuve. Il fallait qu'il en réchappe, et avec les honneurs. Pour se faire une place de choix dans les rangs de ces vermines. Tentant de se morigéner, Lin posa ses yeux sur la grille qui perçait le mur en face. Une silhouette s'y trouvait, sautillante. Sans doute son premier adversaire. Le visage de Vamp lui revint en mémoire dans ses mises en garde. Et dans l'expression de sa peur. Pour lui. La rétine du jeune homme fut frappée aussi fortement par l'image des yeux de Vamp que son esprit par une évidence douloureuse. S'il y restait, il n'aurait laissé à la jeune brune que l'image d'un bras tendu vers une porte. Il prit conscience qu'il ne lui avait pas dit nettement ce qu'il ressentait profondément. Et il se pouvait qu'il n'en ait jamais plus l'occasion.

La claque qu'il reçut à cette simple pensée le raidit devant la grille qui s'écartait enfin lentement pour lui ouvrir l'accès à son éventuel cercueil. Il ne devait pas y rester. Il n'allait pas y rester. Un nouvel essor de volonté afflua dans ses membres et oxygéna son esprit moribond. En s'avançant sur cette terre poussiéreuse et tachée de la mort d'autres inconnus, il n'était mu plus que par un seul objectif. En sortant d'ici, il irait trouver Vamp et lui ferait l'amour sans relâche, jusqu'à graver profondément dans sa chair la puissance de ce qu'elle lui inspirait. Il lui ferait comprendre, par ses mots, par sa bouche, par ses hanches, combien il l'aimait. S'il en ressortait vivant.

Le regard déterminé que Lin releva sur son premier adversaire ne laissait place à aucun doute. Il serait le tueur, pas le tué.

Les grilles s'étaient refermées derrière les deux combattants dans un son lourd qui fit écho à l'engagement dont ils devaient désormais faire preuve sur cette scène circulaire. Le barbu évalua celui qui lui faisait face avec un oeil inquisiteur. Il occulta le public qui beuglait et les torches qui réchauffaient l'atmosphère. Il fit abstraction de sa trachée attaquée par la poussière et de la désagréable sensation de la terre séchée de sang sous ses pieds nus. Il n'était pas grand ni très costaud. Mais il paraissait vif. Ils tournaient l'un en face de l'autre comme deux bêtes sauvages s'évaluent. Lin fut le premier à attaquer. Il s'accroupit brusquement et lança sa jambe vers les pieds de son adversaire dans un long mouvement qui balaya la cheville qu'il n'avait pu éloigner à temps. Déstabilisé, l'autre trébucha. Le jeune homme s'engouffra dans la brèche de son déséquilibre et le poussa rageusement au sol, lui faisant littéralement mordre la poussière. Le couché s'avéra pourtant aussi vif que Lin l'avait pensé et il se retourna en moins de temps qu'il n'en fut au jeune homme pour se jeter sur lui. Séché dans son élan par un talon envoyé en plein foie, le barbu recula de quelques pas, le souffle coupé.

Un léger rictus étira le coin de ses lèvres dans un semblant de sourire. Le combat avait véritablement commencé. Et Lin savait que le combat n'était pas la première de ses casseroles. Il s'était battu tant de fois les années passées qu'il connaissait son corps sur le bout des doigts, jusqu'au dernier tendon et dernier réflexe. Il allait l'exploiter. Mu par ce qui ressemblait à un plaisir macabre, il s'élança à nouveau contre son sautillant adversaire.

Au bout de quelques coups de pieds, coups de poings et torsion de membres, l'autre se retrouva écrasé au sol par le poids du jeune homme, assis sur sa colonne vertébrale, lui maintenant les deux bras dans le dos selon une clé répandue mais efficace. L'arcade sourcilière du barbu laissait perler quelques gouttes de sang qui venaient s'échouer sur l'épiderme de son adversaire, juste sur la ligne de son omoplate qui s'agitait sous les soubresauts de l'homme, dans de vaines tentatives d'échappatoire. Lin releva le visage vers l'assemblée, comme réclamant une règle. Maintenant qu'il l'avait maîtrisé, que devait-il en faire ? L'occire ? Le remettre derrière ses grilles ?

Aucune réponse autre qu'un bruit de fond incompréhensible. Il grimaça en reprenant son souffle. Il répugnait à tuer cet homme pour le seul plaisir d'un public survolté. Maintenant la poigne sur ses bras, il se redressa au-dessus de lui et appuya son genou entre ses épaules, juste au bas de sa nuque. Le double craquement qui s'éleva des articulations de l'homme suffirent à Lin pour le relâcher. Il venait de lui déboîter les deux bras. Sans épaules et avec la douleur lancinante qui devait s'élever de ses membres, il ne serait plus un danger. Le barbu se releva lestement, essoufflé et quelque peu marqué par le combat mais prêt à en découdre à nouveau.


Suivant !

Il tourna sur lui-même pour chercher d'où sortirait le suivant. C'est le bruit de la grille qui se referme qui l'informa plus que ses yeux. Ce deuxième ressemblait au premier, en plus costaud. Le jeune homme se demanda l'espace d'un instant s'ils étaient rangés par taille dans la file d'attente. Le poing qu'il vit fuser vers son visage le sortit de son questionnement et il se jeta contre ce nouvel adversaire avec la même hargne que contre le premier.

Les séquelles de son premier combat commençaient à le pénaliser et il sentait qu'il était plus faible que contre le premier. Pourtant, il continua de se battre comme si rien ne l'avait atteint, jouant des jambes et des bras avec la même agilité. L'effort derrière était simplement plus conséquent. De la même façon qu'il élimina le premier, il brisa les genoux du deuxième en y pesant de tout son poids alors qu'il le maintenait en équilibre précaire à moitié courbé sur un mur.

Son souffle était court et son sang moins bien oxygéné. La poussière entravait ses poumons et ses yeux, sa sueur collait sa peau qui se recouvrait d'une fine pellicule de terre. La sensation était aussi désagréable qu'entravante, crissant au niveau des articulations.


Allez, suivant !

Sa patience commençait à s'effriter. Plus le délai augmentait entre les combattants, plus son corps s'affaiblissait. Quand le troisième adversaire jaillit face à lui, sur le même modèle que les deux autres, Lin pesta. C'était insupportable de voir le sosie de celui qu'il venait d'achever revenir aussi frais qu'un gardon. Il avait l'impression de se battre dans le vide. L'éternel recommencement qui allait l'achever. Il força sur ses résistances pour retourner combattre, sentant que l'asphyxie de ses muscles s'ancrait plus profondément et que ses ressources s'amenuisaient.

Le combat fut plus rude contre ce troisième adversaire et il se retrouva plusieurs fois en difficulté, coincé contre le mur de la fosse ou écrasé sous le poids de l'autre. Chaque coup porté s'inscrivait plus profondément dans sa chair et chaque salve d'énergie utilisée requérait plus d'attention. Il faiblissait mais sa hargne le protégeait encore bien.

Au bout de ce qui lui parut une éternité, la violence de l'autre s'affaiblit et il put l'assommer par hasard, utilisant son élan. Alors qu'il courait vers lui pour l'achever, Lin s'écarta brusquement, agrippa la ceinture de l'autre et le projeta contre la pierre sans aucune douceur. Il n'aurait jamais eu la force de le faire seul. Ses propres forces ne suffisaient plus, il devait utiliser celle des autres contre eux-mêmes.

Ce constat entama sa détermination et il se plia en deux, mains sur les genoux, pour essayer de retrouver un semblant de souffle avant qu'on lui renvoie le même homme, à nouveau frétillant. Il savait combattre et parfois même plusieurs personnes à la fois. Plus il sentait ses forces aspirées par le temps, plus il comprenait la difficulté de ce qu'on lui demandait ici. Quand ils étaient tous ensemble contre lui en même temps, il pouvait les utiliser les uns contre les autres, épuiser leurs forces au même rythme que les siennes et n'avoir en face de lui que des adversaires à son même stade d'épuisement. En les différant, il était le seul à s'épuiser. Chaque salve l'amoindrissait. Il n'allait s'arrêter que quand il s'écroulerait.

Son visage se releva vers la grille ouverte sur l'adversaire suivant. Un véritable choc pour le jeune homme. Il s'attendait à voir un quatrième luron, même modèle, taille au-dessus. Au lieu de quoi se présenta face à lui une femme. Aux allures félines et à l'oeil acéré, une natte serrée maintenant ses cheveux hors d'état de nuire. Une femme aux forces intactes. Lin gronda sourdement, le corps éreinté. Il n'aimait pas se battre contre les femmes. Il lui avait toujours été inculqué que le déséquilibre entre les sexes rendaient indignes les combats mixtes. S'il se battait contre une femme, il s'attaquait à plus faible, c'était moralement interdit.

Il se redressa comme il put, le corps douloureux des coups précédemment reçus et leva la tête vers le cordon humain qui enrubannait le haut de la fosse. Il cherchait un responsable, quelqu'un vers qui se retourner. Mais il ne distinguait rien. Sa voix rauque s'éleva dans le brouhaha ambiant, tendue et grave.


C'est une femme !

Il tendait le bras pour la désigner, son ton trahissant son rejet.

Je ne me battr…

Sa phrase mourut dans un borborygme sanglant alors qu'il s'affaissait lourdement. Son bras tendu avait ouvert une fenêtre vers son abdomen dont la femme s'était empressée de profiter, envoyant son pied avec une violence inouïe juste sous les côtes du barbu, le talon percutant les côtes flottantes alors que le reste du pied ecchymosait ses intestins.

Le jeune homme s'était ramassé en une boule protectrice sur la poussière de l'arène, à quatre pattes sur un sol qui recueillait le sang qui s'écoulait d'entre ses lèvres. Son corps tremblait malgré lui et il sentait son intérieur se noyer dans une brûlure insupportable, seule une légère toux l'en libérant par à-coups. Ses poumons criaient à l'asphyxie alors qu'il inhalait une partie de son sang et il releva des yeux au bord de l'effondrement sur celle qui le jaugeait.

Elle semblait évaluer les chances qu'il avait d'en réchapper et comment elle allait l'achever. Il avait sans aucun doute les intestins perforés après un tel coup. On ne s'en remettait généralement pas. Le jeune homme serra les dents en essayant de se relever mais seul un gémissement profond lui échappa alors qu'il vacillait, à demi-redressé. C'était affreusement douloureux. Il déglutit comme il put, le goût métallique du sang nourrissant sa rage. Il n'allait pas se laisser mettre à terre. Pas par une femme. Pas par cette femme.

Il se releva sans essayer de cacher son état, accentuant même le chaloupement de ses pieds qui tanguaient pour le maintenir droit. Il cracha la boule sanglante qui ne quittait pas sa langue et releva des yeux rougis par l'irritation du sable vers la femme en face de lui. Il avait l'air d'un dément, contusionné, affaibli et tâché d'un mélange de terre et de sang. Elle n'attendit pas longtemps avant de s'élancer vers lui pour lui administrer le coup fatal. Mais il n'était pas décidé à finir là.

Il maintint son déséquilibre jusqu'à ce qu'elle soit à une foulée à peine de lui et s'écroula volontairement au sol alors qu'elle se jetait là où se trouvait précédemment sa taille. Il agrippa une de ses chevilles alors que ses pieds quittaient le sol et l'envoya violemment au sol. Il roula sur lui-même pour arriver jusqu'à elle et l'immobilisa dans une clé de jambes, seule partie de son corps moins douloureuse. Il profita de l'étourdissement que l'impact au sol provoqua chez elle pour s'emparer de sa natte et la lui bloqua contre la gorge comme pour l'étouffer. Alors qu'elle se débattait, il appuya plus férocement l'étau de ses cheveux sur sa trachée, les yeux furieux. Il vit passer dans ses pupilles l'ensemble des émotions qui l'avaient traversé quand il était au sol et gronda pour l'assurer de lâcher prise. Quand il sentit le corps féminin s'évanouir sous le sien, il relâcha la pression sur sa gorge, la respiration sifflante. Elle n'était pas morte mais il s'en était fallu de peu. D'aussi peu que pour lui quelques instants auparavant.

Chancelant, il délaissa le corps féminin pour revenir au centre de la fosse. Les côtes enfoncées, le visage contusionné et le corps tuméfié, Lin ne tenait debout que par la force de la rage. Il voulait sortir de là. Il voulait que ça s'arrête. La douleur de ses intestins affluait à sa tête et l'étourdissait. Il posa les yeux sur le cinquième adversaire qui entrait dans l'arène. Un mastodonte. Pas rapide mais d'une force brute. Il aurait juré pouvoir sentir le tremblement du sol sous les pas de cet homme. Ou bien était-ce son équilibre qui lui faisait défaut ?

Quand l'autre s'avança vers lui, le barbu voulu lever les bras pour se défendre. La douleur qui lui déchira le ventre l'obligea à revoir ses volontés à la baisse et il s'écarta simplement. Son adversaire continua sa course derrière lui, sortant de son champ de vision. Lin se retourna aussi vivement qu'il le pouvait. Juste à temps pour voir l'épaisseur du poing qui menaçait sa tempe. L'instant d'après, il était plongé dans le noir le plus total, la douleur disparut entièrement et la tension de ses membres s'évanouit. Son corps s'effondra alors au milieu de la fosse. Inconscient.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeMar 11 Nov - 16:58

Le vent s'engouffra entre les pans du long manteau noir, gonflant le tissu et enveloppant le corps altier d'une pelisse de froid. La jeune femme n'avait pas bougé depuis plus d'une heure, ses coudes glacés douloureusement appuyés contre le parapet en fer forgé d'un petit pont à l'écart des rues artères de la ville. Aussi immobile qu'une statue de marbre blanc, le dos légèrement arrondi et le regard fixe, Vamp s'imprégnait du silence de l'endroit. Elle avait senti le froid et l'humidité s'installer progressivement dans chaque pore de sa peau et se retrouvait glacée jusqu'aux os. Mais son corps ne réagissait pas. Aucun tremblement, aucun frisson de froid ne fit tressaillir son long corps. C'était comme si ses membres s'étaient détachés loin du monde matériel, suivant sa conscience là où elle s'était réfugiée.

Dire que l'esprit de Vamp était la proie d'un tourment aux allures de prédateur assoiffé était un euphémisme insultant. Elle le sentait s'enrouler douloureusement autour de ses vertèbres et en aspirer la moelle. Elle sentait ses cristaux acérés cristalliser chaque battement de son cœur. Le corps de Vamp ne faisait pas que s'appuyer sur le parapet froid, il s'y accrochait pour retenir sa conscience et l'empêcher de sombrer. Elle savait que le combat de Lin avait débuté il y avait de cela plusieurs minutes déjà. Mais ses bras ne se résolvaient pas à lâcher ce rebord en fer.

La colère et la peur. À chaque pulsation de cœur, l'une supplantait l'autre dans les veines glacées de la jeune femme. Elle ne comprenait pas pourquoi Lin s'obstinait à mettre ainsi sa vie en danger. Par loyauté envers cet Anglais ? Eh quoi ? Et sa loyauté envers elle ? N'était-il pas censé veiller sur elle et la protéger ?

Vamp ferma les yeux. Elle le revoyait parfaitement, solidement campé sur ses deux jambes, son bras impérieux lui montrant la sortie. Lentement, dans l'ombre protectrice de la nuit, un pli osa se dessiner sur le menton blanc de la jeune femme, comme un début de moue sur les lèvres tremblantes d'une enfant qui va éclater en sanglots. Il n'avait pas fait que l'écarter, il s'était refermé sur lui-même. Un nouveau pli naquit sur son front blanc, faisant écho au premier. Elle avait tout fichu en l'air. Elle doutait de pouvoir un jour retrouver sa place contre l'âme de Lin.

Vamp ravala sévèrement le sanglot qui cherchait désespérément à s'échapper de sa gorge. Que le barbu l'écarte de sa vie, soit. Mais elle se devait de continuer à veiller sur lui. Pas par loyauté ou fierté. Mais parce que Vamp était toute amoureuse de lui et qu'il était hors de question de tourner le dos à la réalité pendant qu'il devait s'étouffer dans son propre sang. Son front blanc redevint lisse alors que ses épaules se redressaient et que ses coudes quittaient leur béquille de fer. Il était temps d'arrêter de s'apitoyer comme une adolescente au coeur brisé et de redevenir Vamp.

***

Ce ne fut pas vraiment un coup d'épaule. Cela tenait plus de la légère bousculade d'un homme qui a trop bu. Mais cela ralentit Vamp d'un pas. Et c'était inacceptable. Elle avait réagi instantanément. Sa main gantée s'était refermée sur les cheveux de l'homme pour projeter sa tête contre une des parois de pierre. Il était plus petit qu'elle, plus faible, mais c'était bien la dernière de ses considérations de la soirée. Personne ne se mettrait sur son chemin, personne ne la ralentirait, qu'il soit homme, femme, enfant... ou Valentin. Elle était prête à tout pour rejoindre Lin. Elle se devait d'être témoin de ce qu'il se passait dans la fosse.

Vamp n'était pas assez stupide pour courir aveuglément au secours du jeune homme. Elle savait qu'elle ne pouvait ni ne devait le sauver. L'unique moyen de protéger Lin de la suspicion de Valentin était de le laisser se battre et se faire battre. En intervenant, elle aurait mis la vie d'Ania et du jeune barbu en danger. Si son sang brûlant criait à l'urgence dans ses veines, c'était par fidélité. Après avoir quitté la demeure de Lin, la jeune brune s'était promis de ne pas mettre les pieds à son combat. C'était de la pure lâcheté. Elle avait préféré rester dans l'ignorance que d'être témoin du lynchage de Lin. Mais chaque fibre de son corps réclamait la présence du jeune homme. Vamp l'aimait à un point tel qu'elle préférait être présente à la chute du barbu que de l'abandonner au milieu d'inconnus, tant pour Lin que par fidélité pour ce qu'elle ressentait envers lui.

Aussi avait-elle traversé la ville en courant. Elle expurgeait son angoisse dans la violence. Une violence sèche, efficace et aveugle. Vamp ne laissait rien la ralentir, elle ne laissait personne s'interposer entre elle et Lin. Si l'amour qu'elle avait pour lui parvenait à la faire avancer, son angoisse se matérialisait par une agressivité qu'elle n'avait pas ressenti depuis des années. C'était cette même fureur, ce déchaînement animal que sa génitrice avait fait naître en elle pour rendre sa fille plus efficace. Et cette nuit, Vamp la retrouvait.

D'anciens gestes, d'anciennes clés, d'anciens réflexes. Tout se bouscula à la porte de son instinct, chamboulant toutes les limites que Vamp s'était imposée ces dernières années, effaçant la frontière qui séparait le bien du mal qu'elle avait réussi à construire. Elle frappa, elle blessa sans distinction, sans jamais n'utiliser que ses mains ; non par indulgence, mais parce qu'elle voulait inconsciemment sentir les os craquer sous ses phalanges et le sang poisser ses poignets. Elle voulait être au plus près de cette violence, sans aucun intermédiaire. Elle blessa trois hommes cette nuit là, gratuitement et avec un plaisir proche de la cruauté d'une louve. L'excuse qu'ils la retardaient n'en était plus une depuis longtemps.

La soif d'agressivité de Vamp s'atténua lorsque le talon de sa botte souleva la poussière du sol. Elle s'immobilisa une longue minute, sans se décider à franchir le pas et à s'enfoncer dans un des boyaux qui menait à la fosse. La jeune femme s'appuya contre l'une des parois et ferma les yeux, comme pour reprendre son souffle bien que sa poitrine ne se soulevait qu'à un rythme régulier. Elle entendait parfaitement les cris de la foule et les bruits du combat. Elle n'était descendue dans ses sous-sols qu'une ou deux fois, incapable de s'y éterniser, tout comme il lui était désormais impossible de retourner travailler aux mines. Vamp resta une minute de plus dans la plus parfaite immobilité, victime d'un combat intérieur qui lui déchirait les entrailles, mais les hurlements d'encouragement qui se répercutèrent contre les parois de pierre l'arracha au mur et l'obligea à continuer sa route.

La chaleur était étouffante et l'odeur bestiale. La jeune femme serra le poing, faisant grincer son gant de cuir noir. Lin n'avait rien à faire ici. Lin devait être dans la forêt. En haut d'un arbre, assis sur une branche, les jambes dans le vide. Sa chemise imprégnée de l'odeur du chêne et de la résine.

Le regard de la jeune femme s'assombrit. Non, Lin n'avait rien à faire ici.

Avec un calme glacé, elle boutonna soigneusement les pans de son manteau malgré la chaleur, cherchant à mettre le plus de couches de tissus possibles entre elle et ses « collègues » avant de se frayer un chemin dans la horde. Il lui était presque impossible de ne pas entrer physiquement en contact avec ces corps beuglants et malgré la protection que lui offrait son manteau, Vamp dut faire un violent effort sur elle-même pour continuer d'avancer. Au bout de quelques pas et coups de coude, elle parvint enfin à voir le combat qui les excitait tant.

Dans le creux de sa poitrine, quelque chose flancha. Elle sentit le sang de son visage abandonner ses veines. Sa bouche s'assécha. Ses mains devinrent moites sous le cuir qui les protégeait. Elle ne connaissait pas le nombre d'adversaires que Lin avait affronté avant son arrivée, mais le jeune homme était dans un sale état. Le regard acéré de Vamp repéra tout. Le moindre hématome, la plus infime goutte de sang ou la courbe du dos de Lin, rien ne lui échappa. Elle dut s'appuyer contre le rebord de pierre, nouvelle béquille qui fit échos au parapet du pont. Elle sentait ses bras trembler, tressaillement qui remonta jusqu'à sa nuque pour y encorder un nœud douloureux.

Au fond d'elle, la jeune brune espérait qu'il échoue à ce test. Il n'aurait plus qu'à rentrer chez lui et les portes de l'organisation de Valentin lui resteraient closes. Mais Vamp savait très bien de quoi Lin était capable. Et au vu du degré d'épuisement dans lequel il semblait baigner, le barbu avait dû se battre comme un enragé.

En prenant la décision de se rendre à la fosse, la jeune brune savait qu'elle allait en souffrir. Mais c'était bien au-delà de ça. L'horreur dépassait les larmes qui auraient pu naître au coin de ses yeux sombres. C'était inhumain. Son regard devint terne, opaque, sans la moindre étincelle d'émotion. Elle avait le visage d'une morte. Vamp ne pouvait ni pleurer, ni hurler, ni entrer en fureur. La manifestation de sa souffrance était bien au-delà de toute manifestation physique. Son regard sans vie ne cilla pas lorsque le corps de Lin s'effondra dans la poussière. Il resta immobile, contemplant la nuque souillée de poussière et de sang du jeune homme sans la moindre réaction. Et il ne bougea pas, lorsqu'on traîna le corps dans l'un des tunnels pour libérer la fosse et continuer les combats. Il y avait d'autres recrues et la nuit ne faisait que commencer.

Vamp resta encore une longue minute sans réagir, son corps immobile et son âme flottant dans un coma d'effroi qui avoisinait la folie. Elle en avait oublié de respirer. Son corps réagit enfin, avec une violence qui la courba en deux alors que sa gorge crachait un sanglot de terreur acéré, blessant son œsophage.

Elle cligna des yeux, reprenant pieds, avant de se redresser. Lin.

***

La jeune femme s'était enfoncée dans l'un des tunnels, le souffle court. Ils abandonnaient généralement les corps des vaincus dans un coin, ces derniers y restant jusqu'à leur réveil si aucune âme charitable ne passait pour prendre soin d'eux. Elle dérapa dans un virage, se retenant in extremis à la parois rugueuse, avant de continuer sa route. Si son état comateux s'était étendu sur de longues minutes, l'adrénaline qui pulsait dans ses veines rattrapait violemment l'apathie antérieure de Vamp.

Dans un des carrefours, elle perçut du coin de l'oeil une petite silhouette qu'elle reconnut dans l'instant. Vive, sa main se referma sur le col d'une veste élimée et ramena son propriétaire vers elle avant qu'il ne disparaisse.

- Bastien ! J'ai besoin de toi.

Le gamin leva des yeux d'un bleu profond sur la jeune femme. Bastien était le principal concurrent de Lin. Du haut de ses dix ans, il était fou amoureux de Vamp. C'était sa princesse. Le garçon n'était autre que celui qui avait essayé de la détrousser il y avait de cela plus d'un mois, alors qu'elle cherchait Lin en taverne. Elle l'avait retrouvé au détour d'une réunion avec le grand patron et elle l'avait sorti d'affaire une nuit où il se trouva en mauvaise posture. Depuis, le gamin n'avait d'yeux que pour elle. Une fois par semaine, la jeune femme avait accepté de lui apprendre quelques rudiments pour qu'il puisse assurer sa propre sécurité, en échange de gâteaux au miel. C'est donc dans la plus grande confiance qu'il l'accompagna.

Vamp trouva le corps moins d'une minute plus tard. Sa vue l'immobilisa une dizaine de secondes avant qu'elle ne s'y précipite. Elle retira ses gants d'un mouvement impatient avant de prendre délicatement le corps de Lin dans ses bras. Son regard écroua celui du gamin, meurtrier. Mais ce dernier ne s'y arrêta pas. Il avait vécu pire.

- Je vais avoir besoin de ton aide. Il est lourd, je n'y arriverai pas seule.

***

Ce fut laborieux. Ils mirent plus d'une heure avant d'arriver chez le jeune homme. Si le corps de Vamp était plus résistant et plus fort que celui de la plupart des femmes du pays, soulever celui de Lin n'était pas une mince affaire et Bastien n'était d'une aide que limitée. Mais il était le seul dont elle avait à peu près confiance. Arrivés à la porte branlante, l'épaule douloureuse et un bras épuisé autour du buste de Lin, la jeune brune se tourna vers son jeune compagnon.

- Je veux que tu ailles me chercher de la soupe. Je me fous chez qui tu vas la voler ou de qui tu vas déranger, ramène moi cette soupe.

Le gamin jeta un regard suspicieux au barbu. Cet homme semblait un peu trop important pour le bien de ses petites affaires avec Vamp.

- Bastien...

Le ton était menaçant. Elle ne plaisantait pas. Le garçon hocha la tête en silence et avait disparu avant que Vamp ne parvienne à franchir le seuil de la maison, le corps de Lin enveloppé dans son propre manteau.

Une heure plus tard, la jeune brune bordait le barbu.

Elle avait allumé un feu et fait chauffer de l'eau pour remplir la baignoire de bois à l'étage. Immerger le corps du jeune homme n'avait pas été aisé et les bras de Vamp tremblaient d'épuisement. Elle avait passé de l'eau tiède sur ses muscles tendus pour les apaiser. Elle n'avait pas dit la moindre parole, pas un mot ne franchit ses lèvres, même lorsque qu'elle crut voir les paupières du jeune homme s'entrouvrirent. Seuls ses gestes parlaient. Ses mains blanches délaissèrent le corps de Lin de la poussière et du sang. Pas une fois ses doigts ne quittèrent la peau nue du jeune homme. Vamp ne cessait de le toucher, quitte à devoir forcer sur son bras droit pour soulever un seau d'eau propre, sa main gauche restait au contact de Lin. Elle avait retiré le sang séché de ses mèches claires, égarant une caresse très douce sur sa pommette dans le même mouvement. Puis elle l'avait obligé à boire quelques cuillerées de soupe après avoir congédié Bastien.

La jeune brune ramena la couverture sur le corps blessé avant de venir s'y blottir. Son corps chaud se pelotonna contre celui de Lin. Elle le câlina avec une tendresse protectrice, du bout des doigts comme du bout du nez. Vamp se concentrait sur sa respiration, s'accrochant aux battements de son cœur. Il était mal mais il était vivant. Elle ne savait si le barbu était éveillé ou inconscient et elle savait encore moins s'il désirait sa présence dans sa couche, mais elle s'en moquait. Elle était allongée là tant pour lui que pour elle. Elle voulait s'assurer que ce cœur ne s'arrêterait pas de battre dans la nuit.

Dans le silence de l'heure tardive, son front blanc s'appuya délicatement contre la mâchoire barbue. La tension de la soirée commençait à se dissiper, emportant avec elle l'adrénaline qui avait empoisonné les veines de la jeune femme. Alors Vamp craqua. Sa gorge se déchira et, dans le refuge de la gorge de Lin, elle éclata en sanglots. Son cœur se vida pendant que les larmes salées disparaissaient dans le cou du jeune barbu. Vamp pleura de longues minutes, de peur comme de soulagement, ses épaules se soulevant nerveusement au rythme de ses inspirations saccadées.

Elle ne ferma pas l'oeil de la nuit et avait quitté la maison de Lin bien avant les premiers rayons du soleil.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeVen 14 Nov - 13:33

Tout était noir depuis une éternité, lui semblait-il. Ses yeux clos n'avaient pas cherché à s'ouvrir durant près de trois jours mais un recoin de son cerveau fonctionnait au ralenti, interceptant quelques menus détails. L'odeur qui avait changé. Il n'était plus dans la fosse, l'âcreté de l'endroit avait été remplacée par l'humidité des rues et finalement le renfermé de chez lui. Surtout, il avait perçu l'odeur de Vamp. La caresse de ses cheveux, aussi. Quand elle s'était penchée sur lui. Pour quoi faire, il n'en avait pas la moindre idée. La douleur sous ses côtes l'avait rebasculé dans l'inconscience alors qu'elle le déplaçait lourdement, pour ne rien sentir des affres douloureuses qu'il aurait côtoyées alors. Ses lèvres s'étaient entrouvertes malgré lui quand on l'y avait forcé et son oesophage avait guidé le liquide jusqu'à son estomac sans qu'il n'en prenne conscience. Son corps était inerte, incapable du moindre mouvement. La lourde chape qui pesait dessus rappelait étrangement le coma mais Lin était conscient. Du moins à demi.

Il ne retrouva l'usage de ses membres qu'un jour plus tard, alors que ses intestins manifestaient leur mécontentement. Alité depuis presque quatre jours, il n'avait rien avalé depuis ce qui avait forcé ses lèvres. Ses paupières frémirent sous le mouvement de ses yeux et ses doigts se crispèrent légèrement. Il se sentait faible et groggy, incapable de plus que de poser son regard sur la pénombre qui baignait les lieux. Un feu dansait pourtant dans l'âtre et un fumet savoureux se prélassait dans l'air, chatouillant ses narines. Il s'étonna d'en saliver. Il avait faim mais il était prisonnier de sa propre faiblesse. Sa tête s'inclina légèrement pour lui laisser pleine vue sur le bol de soupe froide qui semblait le narguer sur sa table de chevet. Un grognement monta dans l'air, suivi d'un soupir. La personne qui avait préparé ça reviendrait sans doute. Il n'avait qu'à l'attendre.

Il appuya ses paumes contre le matelas avec un peu plus d'insistance pour se redresser jusqu'à ce que son dos touche la tête de lit. La douleur qui lui avait déchiré le ventre une seconde avant qu'il ne s'évanouisse brillait par son absence. Ses côtes ne hurlaient plus et sa tête s'était débarrassée de la lourdeur qui l'avait enserrée si durement. Il se sentait calme. Un peu trop calme. Comme si toute son énergie était dévolue à soigner ses intestins plutôt que de se perdre dans une douleur inutile. Un mince sourire étira ses lèvres à cette idée. Même ses tripes mettaient un point d'honneur à soigner correctement.

Il releva les couettes sous lesquelles il était enfoui pour jeter un oeil à son abdomen. La tuméfaction s'était quelque peu affaiblie et les contusions résorbées. Il portait encore nettement les traces qu'avaient laissé les combattants sur lui mais elles ne faisaient plus office que de preuves. La douleur intense s'était volatilisée pour laisser place au rappel chronique. Son buste pivota légèrement et il ne put s'empêcher de grimacer. C'était raide. Ca tirait un peu, quelque part à droite. Il mena sa paume à ses côtes et fronça le nez. Il ne doutait pas que sa rate avait été atteinte. Pourtant, il était encore vivant.

Vivant et totalement nu. Il en prit conscience une seconde après que les draps furent retombés sur ses jambes. Son sang ne fit qu'un tour et ses yeux s'écarquillèrent brusquement. Nu ? Il releva les draps pour s'assurer que sa conscience ne lui jouait pas des tours et les laissa retomber aussi vite, ahuri. Vamp. Ca ne pouvait être qu'elle. A moins qu'il ait été dénudé à la sortie de la fosse ? Peut-être que c'était dans les règles. Peut-être était-ce le signe qu'il ne s'était pas assez bien battu. On l'avait dénudé pour montrer combien il était faible.

L'idée le fit grogner à nouveau et il laissa sa tête reposer contre le mur, poussant un long soupir de dépit. Il n'avait pas la moindre idée du résultat de son entretien d'embauche. Cela faisait déjà quatre jours qu'il était sorti de là - qu'on l'avait sorti de là se rectifia-t-il machinalement - et il n'avait toujours pas de nouvelles. Un pli se creusa sur son front alors qu'il tournait les yeux de l'âtre jusqu'au bol de soupe. Ou alors, c'était ça, la nouvelle ?

La porte s'ouvrit à la volée alors qu'il s'interrogeait encore sur la signification de tout ça. Le claquement du battant contre le mur l'arracha à sa contemplation muette et il ouvrit de grands yeux sur l'intrus, agacé que ses réflexes de défense soient émoussés par sa fatigue.


Hé !

Une grimace releva le coin de ses narines. Contracter jusqu'à son diaphragme était douloureux. Pourtant, ses yeux étaient infaillibles, braqués sur la demi-portion qui se trouvait immobile au pied de son lit, visiblement partagé entre plein d'émotions contradictoires. Mais il ne bougea pas. Ses yeux bleus se posèrent sur ceux de Lin sans la moindre gêne. Le barbu gronda sourdement et ses sourcils se froncèrent.

Viens un peu par là, toi.

Le gamin le regarda avec attention, comme s'il cherchait à déterminer quelle attitude adopter envers lui. Lin se sentit jaugé et il claqua sa langue contre son palais pour l'interrompre. Son doigt montrait clairement le côté du lit et ordonnait qu'on s'y rende. L'enfant finit par hausser les épaules et contourna le pied du lit pour venir là où le doigt pointait.

Le barbu le scruta avec fixité, le regard acerbe. En quelques mouvements oculaires, il le catégorisa comme un gamin des rues. Un de plus. Il en avait croisés tellement ces dernières années qu'il s'étonnait à peine d'en voir un chez lui. A peine, mais tout de même. Personne n'avait accès à chez lui et la plupart des gosses le savaient par expérience. Il n'avait jamais été dérangé par ces petits voyous depuis qu'il en avait cabossé un. Méfiant, il groupa son énergie pour attraper l'enfant par la mâchoire, sa paume calée sous son menton pendant que ses doigts s'appuyaient fermement sur ses joues. Ses yeux étaient aussi évocateurs que son geste était sec.


Tiens-toi tranquille et décline ton identité. Oublie les mensonges, je suis pas d'humeur.

L'enfant sembla surpris mais pas totalement apeuré. Il n'esquissa pas le moindre mouvement, comme s'il était habitué à la négociation brute. Ses yeux bleus ne lâchèrent pas ceux de l'homme alors que sa voix passait ses lèvres.

Je m'appelle Bastien. Je suis voleur.

Il était calme. C'est ce qu'en voyait le barbu. Il allait le congédier rudement quand le gamin reprit, un air de défi dans les iris.

Et Vamp, c'est ma femme.

Ceux de Lin s'écarquillèrent imperceptiblement à l'évocation de la brune mais il resta stoïque. Ce gosse ne représentait pas une menace. Pas directe en tout cas. Pas comme un homme. Pas comme ce brun. Le souvenir de celui qu'il avait vu trop souvent aux côtés de Vamp lui revint en mémoire et le détourna de son attention. Sa main relâcha l'enfant et il fit un vague mouvement du bout des doigts.

Je t'avais dit de ne pas mentir. Déguerpis et ne repasse plus ici.

Son esprit était déjà ailleurs alors qu'il l'interpellait, sur le pas de la porte.

Bastien ? Quand je dis plus, c'est plus jamais.

Il lui appuya un regard sombre pour la forme mais il songeait à bien d'autres choses quand il écouta les pas de l'enfant dévaler les escaliers et passer la porte. C'était de Vamp que venait ce bol de soupe. Par l'intermédiaire de ce Bastien. Un peu trop attaché à elle. Il faudrait qu'il s'en occupe. Elle s'était occupé de lui alors qu'il était à moitié mort. Une onde chaleureuse passa dans son torse à cette idée, bien vite balayée par une autre évidence. Elle avait ramené ce gamin jusque là. Elle lui avait indiqué où il habitait. Et elle ne venait pas elle-même. Elle passait par un intermédiaire. Il grogna à nouveau en se rallongeant. Il faudrait vraiment qu'ils aient une discussion, un jour.

Mais un autre jour. Il fallait qu'il se remette et qu'il retourne chez Valentin pour savoir ce qu'il adviendrait de son infiltration. Fort de cette résolution, il ferma les yeux et sombra dans un profond sommeil.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeJeu 20 Nov - 17:21

Vamp était nue, le visage offert aux éclaboussures d'un simple filet d'eau qui chutait à peine à deux ou trois mètres au-dessus de sa tête. Ses yeux clos adoucissaient ses traits et la jeune femme paraissait presque apaisée. Sa peau réagissait à l'eau glacée, elle sentait la douceur des vaguelettes caresser l'intérieur de ses genoux et ses pieds s'enfoncer dans le lit de la rivière. Des rigoles d'eau glissaient le long de son dos blanc, ondulant contre sa colonne vertébrale avant de disparaître dans le creux de ses reins. Le bout de ses doigts pâles avait bleui. L'automne s'était imposé depuis de longues semaines et il faisait bien trop froid pour se permettre ce genre de fantaisie.

Mais Vamp ne supportait plus la ville. Elle était sans cesse sur ses gardes, attentive à l'instant où l'une des recrues de Valentin allait lui tomber dessus, et ne mettait presque plus les pieds chez elle. Car s'ils avaient découvert l'existence d'Ania, la jeune femme ne doutait pas une seule seconde qu'ils avaient aussi pris connaissance de l'endroit où elle dormait. Aussi somnolait-elle quelques heures par jour, à l'écurie, dans le box de Goliath, enveloppée dans une vieille couverture qui sentait le cheval. Sa monture avait autant de caractère qu'elle lorsqu'il s'agissait d'étrangers et piaffait à la moindre présence inhabituelle.

Dans chaque cas, la jeune femme ne dormait que très peu. Jamais dans toute son existence Vamp n'avait été aussi nerveuse ni aussi soumise à la peur. Elle était tendue, irritable et plus acerbe que jamais. Sa concentration tournait à l'obsession et pas même Isaac n'arrivait à faire naître l'ombre d'un sourire sur ses lèvres.

Elle était inquiète. Inquiète pour Ania et pour Nikolaï. Inquiète pour Lin. Inquiète et en colère. Elle en voulait au jeune homme. D'avoir participé au combat, de lui avoir fait endurer ça, de se mettre volontairement en danger. C'était tout simplement égoïste, puérile et irresponsable. Elle voulait le voir. Lui sauter à la gorge et lui en coller une. Lui casser le nez et frapper ses côtes. Hurler sa peur et sa détresse. Puis lui dire à quel point elle pouvait l'aimer.

Vamp aurait dû se trouver à ses côtés, à s'assurer qu'il s'était bien remis de son combat. Cela faisait plus d'une semaine qu'elle avait quitté la maisonnée du jeune homme avant le levé du soleil. Elle n'avait pas revu Lin depuis. Bastien l'avait bien renseignée les deux premiers jours mais il demeurait désormais introuvable et elle n'avait aucun moyen de savoir si le jeune barbu allait bien ou non. Mais la jeune femme savait qu'elle ne remettrait pas les pieds chez Lin.

Le voir dans un tel état de faiblesse avait brisé quelque chose en elle et fait naître des sentiments qu'elle n'avait pas l'habitude de trouver dans son cœur. La honte et le remord. Une petite voix la narguait, lui assurait qu'elle n'avait pas été assez forte pour le protéger. Et elle avait raison.

Vamp aurait dû insister. Elle aurait dû se battre contre le barbu pour l'obliger à renoncer. Elle aurait dû tout mettre en œuvre pour l'évincer, quitte à subir ses foudres, son mépris ou même sa haine. Qu'importe, du moment qu'il n'eut pas à subir ça. Si elle pouvait revenir en arrière, elle n'aurait pas hésité à en venir aux mains. L'espace de quelques secondes, elle s'imagina lutter contre Lin. Qui en serait sorti vainqueur ? Elle, peut-être au début. Puis les muscles du jeune homme aurait forcé contre son corps. Il l'aurait maîtrisée sans trop de difficulté et elle se serait retrouvée complètement acculée. Prisonnière. Prisonnière de Lin. Et de ses désirs. Vamp se pinça les lèvres. Même sous un filet d'eau glacée, sa soif pour le jeune homme parvenait à lui brûler les intestins. Elle se maudit. Elle aurait donné cher pour le sentir se glisser dans son dos, s'emparer de ses hanches et mordre son cou.

Vamp se redressa. La peau de ses doigts toute ridée et les orteils engourdis, il était temps de sortir de là. Et puis elle était terriblement en retard. Elle enfilait sa chemise quand son regard tomba sur ses avants-bras. Ils étaient couverts de croûtes là où ses ongles avaient attaqué la peau. Oui, elle était vraiment morte de peur.

***

Le souffle court et le pas précipité, la jeune brune tournait le coin d'une écurie lorsqu'elle heurta l'homme de plein fouet. D'ordinaire, dans ce genre de situation, c'était le corps étranger qui s'écrasait contre elle et elle restait droite et impassible, patientant avec un calme glacial que l'abruti s'excuse. Mais cette fois là fut différente.

Vamp cogna contre un corps dur, puissant, dont le choc l'obligea à fermer les yeux une demi-seconde. Elle se brisa sur lui alors que l'homme n'eut pas même la politesse d'en tressaillir. Le regard mauvais, la jeune femme se redressa, outrée et blessée dans son orgueil.

- Vous ne pouvez pas regarder où vous mettez les pieds ? Espèce de...


Larson. Vamp se tut dans la seconde. Elle cligna des yeux, prise au dépourvu. C'était bien une première pour elle.

- Je... Hm. Mes excuses.

Une nouvelle première. Si Lin la voyait...

Mais si la jeune femme se donnait la peine de présenter ses excuses, son regard ne flancha pas et soutint les iris de l'homme. Il n'y avait ni froideur ni hostilité dans l'ombre de ses yeux, excepté une petite étincelle d'intérêt ou de curiosité peut être. Du respect, pour sûr. Vamp avait fini par comprendre qu'elle lui devait la vie de Lin.

Un mouvement du quasi-inconnu lui fit croire qu'il allait passer son chemin. Pourquoi se serait-il attardé ? La jeune brune réagit instinctivement. Sa main se posa sur le bras étranger pour le retenir en douceur.

- Attendez !

Un contact physique direct. Une demande aux allures de supplication. Le coin de ses lèvres tiqua et sa main quitta le bras inconnu comme si elle venait de s'y brûler. Elle espérait de tout cœur que Lin ne se trouvait pas dans les parages.

- Accordez-moi cinq minutes. Je... J'ai besoin de votre aide. S'il vous plaît.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeLun 24 Nov - 15:05

Le soleil disparaissait derrière la ligne de l'horizon quand Lin sortit de sa léthargie. La soupe s'était quelque peu figée dans le bol et le feu était éteint depuis longtemps, ne laissant planer dans l'air qu'une odeur de cendres froides. Cela faisait désormais près de huit jours que le jeune homme n'avait pas bougé de chez lui. Pas même bougé de son lit. Il oscillait entre un lourd sommeil et une somnolence désagréable où la notion du temps était étirée, raccourcie, transformée, complètement absurde. Il s'éveillait sporadiquement et la lumière ne lui indiquait rien d'autre qu'un moment d'une journée. Laquelle, impossible de le savoir.

Ce soir-là pourtant, son réveil lui parut plus net. Il se sentait faible mais restauré. La douleur de ses côtes s'était largement affaiblie et il pouvait se retourner sur son matelas sans grimacer. Mieux, il pouvait tendre le bras pour attraper sa soupe sans craindre le moindre déchirement au fond de son ventre. Soupe qui commençait sérieusement à l'agacer. Il en avait bu quelques gorgées chaque jour, évitant ainsi de tomber dans une déshydratation irréversible et une inanition mortelle. Mais chaque jour, elle perdait un peu de son goût et devenait moins appétente. L'odeur de ce jour-là était infecte et Lin plissa le nez. Puisqu'il n'était plus si mal, il se lèverait pour aller manger pour de vrai.

Un coup d'oeil au bol entamé le convainquit de donner l'impulsion nécessaire à son corps pour se lever et il se redressa sous sa couette, toujours aussi nu. Sous la chaleur des plumes d'oies, il avait trouvé la tenue d'Adam tout à fait adaptée. Mais maintenant que son torse était la cible de l'air frais de la chambre au feu inanimé, il commençait à pester contre cette idée de l'avoir dévêtu.


Comme si me retirer ma chemise allait me faire mieux guérir … Comme si mes jambes avaient besoin d'être libres pour ne pas bouger … Non mais comme si …

Il déblatérait seul à mesure que ses gestes le menaient hors du lit. Sa peau exposée frémit sous la morsure de l'air et il frissonna au moment de poser les pieds au sol, une grimace distordant un instant ses mots. La litanie continua, un peu plus forte. Il essayait de penser à autre chose que ce froid qui menaçait de l'engourdir à nouveau. Ses yeux furetaient autour de lui pour trouver ses vêtements et il les passa avec une étonnante rapidité au vu de son manque de force.

Pourtant, son ardeur fut vite douchée alors qu'il enfilait sa chemise, point final à son habillement. Le tissu d'habitude tendu sur ses côtes se perdaient maintenant dans un flottement. Léger certes, mais notable. Cette semaine d'alitement au régime soupe froide et quantité de moineau l'avait privé de la substance nécessaire à sa masse musculaire. Il grogna. Comment allait-il justifier sa capacité à se battre s'il lui manquait une partie de sa carcasse ?

Appréhendant quelque peu, il passa sa main sur son corps pour s'ausculter. Des épaules aux mollets en passant par chaque muscle intermédiaire, il étudia sa propre anatomie avec soin. Les dégâts n'étaient pas si terribles. S'il avait fondu quelque peu, l'ampleur de la perte était moindre comparée au temps passé sans se nourrir convenablement. En quelques jours, il parviendrait à retrouver le niveau dont il pensait avoir besoin pour aller se présenter à celui qui l'avait fait se battre comme un sauvage. Il ne s'éternisa pas dans cette chambre impersonnelle et descendit les escaliers avant de s'élancer au-dehors pour débuter sa remise à niveau.


***


Il avait compté le nombre de jours exact depuis que Lin avait mis en place son plan. Et c'était beaucoup plus que ce qu'ils avaient envisagé. En l'espace d'une semaine, il était censé avoir investi les lieux et s'être fondu dans la masse de ses adversaires. La semaine suivante, il serait une taupe, bien au chaud pour cartographier tout le réseau. Celle d'après, il mettrait en place les pièges et la dernière, il ferait s'effondrer l'ensemble comme un ver mange son hôte jusqu'à sa mort.

Ils avaient convenu de rendez-vous à l'avance pour se tenir informés l'un l'autre de l'avancement des choses et jusqu'ici, le barbu ne s'était pas montré une seule fois. Il en grogna d'irritation. Et puis cette barbe, c'était quoi encore ? Il l'avait rasée alors qu'il lui avait expressément dit de la garder. Prétendument qu'il ne pouvait pas puisqu'elle n'était pas à lui. Et à qui, ducon ? Sur ton visage, ça va pas être à quelqu'un d'autre. Et voilà que maintenant, il l'a récupérait. Larson en était persuadé, quelque chose clochait chez ce type. Il était bien trop bénéfique à son entreprise et bien trop attaché à lui - rien que l'idée lui donnait la nausée - pour vouloir s'en débarrasser mais il ne se laissait pourtant pas berner. Cet imbécile était fou à lier.

L'anglais était en train de remonter le long des box pour rallier la rue. Depuis le temps qu'il était seul sur ce territoire, il ne pouvait plus travailler comme avant. Sans l'appui de l'imbécile, il était coincé. Il profitait donc de ce temps pour vaquer à des occupations qui lui étaient propres, tentant de se convaincre qu'au moins, ce temps n'était pas perdu. Il ne parvenait pas pour autant à s'arrêter de pester contre Lin.

Alors qu'il tournait au coin de l'écurie, une masse humaine s'écrasa contre son torse. Généralement, il ne passait pas inaperçu et personne ne s'essayait à lui rentrer dedans. Du moins pas aussi littéralement. Il était suffisamment large pour forcer un respect instinctif qui tenait plus de la survie primitive que de l'admiration humaine. Ses sourcils se froncèrent donc au choc et il repoussa l'intrus de sa large paume, sec. Ce p'tit con n'allait pas lui en compter.

'spèce de ?

Il était déjà prêt à malmener celui qu'il prenait pour un jeune homme quand les yeux noirs trouvèrent les siens. Ces yeux-là n'étaient pas des yeux d'homme. Et au-delà d'être des yeux de femmes, c'étaient les yeux de la lunaire qui se baladait chez son associé la dernière fois qu'il s'était fait jeté. Et qui, étrangement, avait touché ses lèvres des siennes. Les yeux du brun se plissèrent.

D'instinct, il resta immobile alors qu'elle balbutiait quelques mots qui ne l'intéressaient pas. Il scrutait ce visage pâlot avec une grande attention, tentant de comprendre ce que le barbu y voyait de plus qu'à n'importe qui d'autre. Elle n'avait rien de particulier, à part ces couleurs si tranchantes. Il aimait à ce point le contraste ? Un rictus déforma les lèvres de l'homme quand il repensa à la violence du choc de sa colonne sur le comptoir de cette taverne. Il devait adorer le contraste.

Se souvenant des menaces à peine voilée de son acolyte à chaque fois que la brune était dans le coin, l'anglais décida de ne pas s'attarder. Elle ne lui servait à rien, il n'avait aucune raison de rester. Et surtout pas ici, dans un tel milieu, avec ces yeux noirs qui pouvaient fouiner aussi facilement qu'une main d'enfant passe dans une poche d'adulte.

Elle le devança. Larson ne put s'empêcher de lui lancer un regard narquois alors qu'elle le suppliait presque et un rictus carnassier étira ses lèvres.


D'l'aide, vraiment ? Mais dis donc cocotte … T'as d'quoi payer pour c'genre d'd'mande ?

Il la jaugea rapidement avant d'affirmer son idée. Ce n'est pas avec cette chair aux allures de cadavre et aux formes inexistantes qu'il allait se payer. Pour une fois, il demanderait de l'argent sonnant et trébuchant.

Si c'est l'cas, d'mande, j'verrais c'que j'suis prêt à faire.

Ses yeux ne la lâchaient pas, presque inquisiteurs. Elle restait une grande intrigue sur la personne dont, il avait bien du mal à l'admettre, il était le plus proche. Et avec un peu de chance, elle le renseignerait sur où se trouvait l'autre tête de noeud.
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeJeu 27 Nov - 4:27

Vamp n'était pas une femme au sang chaud. Elle ne s'emportait pas dans la seconde lorsque quelque chose ne lui convenait pas. Elle n'éclatait pas de fureur en un claquement de doigts et ne hurlait pas comme une hystérique. D'ordinaire, sa colère allait croissante, lente, tiédissant ses veines et glaçant ses pupilles sombres. Mais depuis quelques jours, la jeune femme n'était pas dans son état normal.

La peur et la tension qui contractait sa nuque faisaient pression sur sa colonne vertébrale, comme une bête qui pesait sur son dos et l'obligeait à se courber. Vamp était fatiguée. Elle était moralement et physiquement épuisée. Elle ne désirait qu'une chose, que Lin soit là et qu'elle puisse s'endormir profondément contre ses côtes pendant qu'il veillait sur leur sécurité.

Mais il n'était pas là. Le danger pesait sur ses épaules, Ania était en danger et la dernière des enflures venait de l'appeler « cocotte ». Un léger rire s'échappa de ses lèvres. Une demi seconde avant que sa main n'agrippe l'homme à la gorge. Il était certes massif mais Vamp venait d'entrer dans une fureur que rien n'aurait pu museler. Le dos de l'homme heurta la porte des écuries dans un craquement sonore, assez pour que les chevaux piaffent et assez pour arracher un sourire sincère à la jeune brune. Que ce craquement résulte des planches de bois ou des vertèbres de Lars, peu lui importait.

Ses doigts neigeux écrasèrent la pomme d'Adam avec une poigne sèche et assurée. Sa seconde main l'empoigna entre les jambes pour avoir une parfaite emprise sur lui. Avec une lenteur dont elle se délecta, Vamp approcha son visage tout près de celui de l'acolyte de son homme. Si près qu'elle aurait pu l'embrasser comme une amante. Elle sentait le souffle de l'homme sur ses lèvres, son haleine envelopper son menton et la chaleur de son corps réchauffer son buste. Sa main se resserra progressivement sur ce qu'elle tenait, sans pudeur, la fureur qui dansait dans ses yeux sombres balayant la moindre étincelle de pitié.

Sa voix s'éleva dans un chuchotement glacé. Jamais, depuis bien longtemps, Vamp n'avait été aussi menaçante. Elle était comme une louve affamée devant son prochain repas.

- Leçon de bienséance. Lorsque l'on ne connaît pas ou peu la personne à laquelle on s'adresse, le « vous » est de rigueur. Tutoyez-moi une nouvelle fois et je vous arrache toute capacité à vous assurer une descendance avec mes ongles. Appelez-moi une nouvelle fois « cocotte » et je vous déchire la carotide avec les dents. N'en doutez pas, je le ferai, je l'ai déjà fait par le passé.

Vamp desserra légèrement la poigne qu'elle avait sur le cou de l'homme pour lui accorder quelques filets d'air frais, son autre main enfonçant profondément ses ongles dans le renflement qu'elle tenait. La colère faisait trembler sa voix et elle devait faire un sérieux effort de volonté pour ne pas tuer l'homme qui était sous ses yeux. Elle savait que cela aurait été du pur gâchis. Elle voulait tout simplement se défouler, passer ses nerfs sur quelqu'un et elle avait soif de sang.

- Lorsque que quelqu'un vient vous demander de l'aide, on ferme sa grande gueule, on évite de sourire et on écoute poliment. Surtout venant d'un type qui n'est pas foutu de séduire des femmes sans s'assurer de la protection d'un garde du corps. Elles vous font donc si peur que ça, ces demoiselles ?

Sa paume percevait parfaitement les battements qui pulsaient dans les veines de Larson. Ils chatouillaient la peau de sa main. Sensation douce et agréable. C'était une tentation qui commençait à gangrener le creux de sa poitrine. Depuis combien de temps n'avait-elle pas arraché la vie à un être humain ? Depuis combien de temps n'avait-elle pas senti le dernier frisson d'un corps ? Cette idée l'enivrait, comme une fumée d'opium, son sang réclamait le meurtre.

Vamp cligna des yeux, comme émergeant d'un rêve, et relâcha brutalement le cou qu'elle tenait. Son bras tremblait. En retirant sa main, elle avait profondément égratigné le cou de l'Anglais avec ses ongles, comme si son corps carencé refusait d'obéir à sa raison, trop affamé et trop assoiffé pour l'écouter. Vamp changeait. Elle redevenait la jeune fille que sa génitrice avait façonnée. Elle redevenait un animal. Il fallait absolument qu'elle retrouve Lin ou elle allait finir par faire une énorme bêtise.

La jeune brune resta très droite, altière et rigide face au compagnon de Lin. Rien dans son apparence extérieure ne témoignait ni de son trouble ni de sa prise de conscience.

- Ma nièce et mon oncle sont menacés par vos concurrents directs. J'ai les mains liées, je ne peux pas agir. Vous, vous pouvez. Vous connaissez parfaitement la ville, peut-être même la forêt. Je vous demande de vous assurer de leur sécurité. Je veux qu'ils « disparaissent ». En contre-partie, je ferai ce que vous voudrez. Absolument tout ce que vous voudrez. Je peux vous payer en or, je peux aussi vous offrir mes services ou vous débarrasser de quelqu'un. Je vous serai redevable.

Ses bras avaient cessé de trembler et Vamp paraissait plus calme. Pourtant son cœur tapait encore douloureusement dans sa poitrine. Ses instincts meurtriers s'étaient apaisés mais ses yeux gardaient une lueur malsaine.

- Que les choses soient bien claires. Je vous fais « confiance » parce qu' « il » vous fait confiance. Mais votre amitié avec lui ne vous protège en rien de ma colère. Réfléchissez bien à la réponse que vous allez me donner. Et n'oubliez pas le « madame ».
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MessageSujet: Re: Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs   Le grand presque-blond avec la jeune femme aux cheveux noirs Icon_minitimeVen 28 Nov - 17:14

La douleur qui pulsait jusqu'à son aine maintenait les sourcils de Larson totalement froncés. Cette femme était une vraie malade. Elle lui avait comprimé les parties avec une violence dont il ne l'imaginait pas capable. Des manières de vraie petite conne. Ses mâchoires se contractèrent violemment en y repensant et il se redressa machinalement, ses vertèbres endolories couinant sous l'action. L'autre empaffé s'était déjà amusé à l'exploser contre un comptoir. Elle n'avait pas besoin de l'imiter contre un pilier d'écurie. Son visage s'assombrit encore un peu plus. Petite conne.

Il n'eut aucun mal à garder un ton tranchant pour lui répondre. Tout son être suintant une colère brute, mal dégrossie et très franchement orientée vers cette pâlotte.


Tu m'fais des l'çons d'bienséance toi ? Faut voir à r'fléchir un peu hein ! On prend pas les roustons d'un inconnu comm'ça bordel !

La détermination de Lars était sans commune mesure. Il obtenait ce qu'il voulait, toujours. Cette pauvre femme n'allait pas changer la donne. Et encore moins quand elle était en position de faiblesse comme c'était le cas. Elle voulait de l'aide, elle allait pas la ramener. Ce serait "tu" et rien d'autre. Si elle n'était pas contente, sa petite famille aurait qu'à se plaindre au grand méchant qui la menaçait.

Ses yeux sombres auscultaient littéralement la brune. Elle avait dit qu'elle ferait tout pour avoir son aide. Mettre en sécurité des gens, aucun souci pour lui. Elle avait frappé à la bonne porte. Peut-être sans le savoir d'ailleurs. Les yeux de l'anglais se plissèrent. Ou peut-être pas.

Elle avait l'air maligne comme un singe. Faudrait qu'il s'en méfie. Mais pour le moment, elle avait besoin de lui. Elle accepterait donc le tutoiement et une requête. Il avait l'occasion d'obtenir ce qu'il voulait. Comme ça, d'un claquement de langue. Que voulait-il ?

Un éclair passa dans ses yeux alors que l'image du barbu s'imposait à lui. Cette femme, c'était la seule qu'il avait vu embrasser ses lèvres. Cet empaffé était un parfait emmerdeur avec ce genre de choses et même s'il lui était redevable, il était beaucoup trop têtu pour se soumettre. Ne serait-ce qu'à une simple demande. Les yeux de l'anglais ne lâchaient pas la silhouette noire et blanche, concentrés.

Elle était sans doute plus important qu'une amourette d'un soir dans cette ville. Ses vertèbres se souvenaient encore de la douleur ressentie quand il avait osé essayer de la toucher. Un léger rictus releva le coin des lèvres du bâtard. C'est que l'idée commençait à prendre forme.

Il l'avait emmenée chez lui. Elle avait sa confiance. C'était le moment de voir s'il était bien entouré ou s'il devrait se débarrasser de cette vermine. Un sourire malsain s'élargit sur ses traits et il inclina à peine la tête. La manger tout crue. Ou au moins, la pousser dans ses retranchements. Un son guttural s'éleva de son poitrail. Le barbu n'était pas négociable. C'était SON acolyte.


T'as b'soin d'aide, j'ai quelques b'soins aussi. On va p'têtre s'entendre …

Il se rapprocha d'elle, l'air menaçant. Cette femme qui avait enserré ses parties génitales ne lui plaisait pas. Cette absence de formes était dramatique. Cette couleur repoussante. Mais il était décidé à aller au bout de ses investigations. Vérifier les arrières du barbu. Confondre les traîtres. Evincer les nuisibles. Implacable, son regard accrocha le sien alors qu'il énonçait la suite des choses.

T'as l'choix. Soit tu m'suis là où j'crèche et tu m'fais passer la même nuit qu'tu fais passer à l'aut' tête d'noeud, soit tu m'racontes tout c'que t'sais sur lui, sans rien omet', d'son nom à ta place.

Ses pupilles n'avaient pas quitté son visage. D'inquisiteur, son regard était devenu dérangeant. Larson ne plaisantait pas. Il chassait.
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